La moitié des infirmières ont déjà été victimes de violences sexistes et sexuelles au travail, par un soignant ou un patient

La moitié des infirmières ont déjà été victimes de violences sexistes et sexuelles au travail, par un soignant ou un patient

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A l’hôpital ou en libéral, elles se disent régulièrement victimes de réflexions et de propositions déplacées mais aussi d’agressions sexuelles ou plus rarement de viol. Un fléau qui touche également un quart des hommes infirmiers. Peu entreprennent des démarches, de peur de nuire à leur carrière.

Dans le sillage du mouvement #MeTooHôpital, vague de témoignages initiés au printemps par les révélations concernant l’urgentiste Patrick Pelloux, la libération de la parole se poursuit parmi les professionnels de santé. Après les internes en médecine en octobre, ce sont aujourd’hui les infirmières et les infirmiers qui brisent le silence. Plus de la moitié d’entre elles, qu’elles soient salariées du public, dans le privé ou en libéral, déclarent ainsi avoir été victimes de violences sexistes et sexuelles dans le cadre de leur exercice, selon une étude de l’Ordre National des infirmiers publiée ce mercredi. Une «prévalence effrayante des violences sexistes et sexuelles» qui concerne également près d’un quart des professionnels hommes interrogés. La grande majorité des victimes accusent un autre professionnel de santé, pour la moitié, ou un patient, à plus de 60 %. Mais il peut également s’agir d’un visiteur (26 %), d’un autre infirmier (15 %) ou encore d’un responsable administratif (3 %) ou hiérarchique (14 %).

Cette enquête en ligne, réalisée du 13 au 29 septembre, a été menée auprès de 21 000 professionnels, dont plus de 19 000 femmes. Ce qui constitue une cohorte «assez représentative» de la profession, a précisé la présidente de l’Ordre, Sylvaine Mazière-Tauran, lors d’une conférence de presse.

Dans le détail, 39 % des répondants affirment avoir subi des «réflexions inappropriées», 21 % des «outrages sexistes» (propositions outrancières, propos homophobes, moqueries…), 4 % des agressions sexuelles et 0,13 % un viol. Quatre sur dix indiquent avoir subi des faits «à plusieurs reprises» et 6 % «de façon régulière». Les faits ont souvent eu un impact sur la santé et la vie intime, ont fait naître un sentiment d’insécurité au travail pour près de 37 % d’entre eux, ont modifié le rapport au travail en termes notamment de motivation ou d’absentéisme voire provoqué un changement d’activité pour plus de 10 % des répondants.

Tous les lieux d’exercice sont concernés

Le rapport précise également que ces violences sexistes et sexuelles «interviennent dans tous les lieux d’exercice – aucun n’en est immunisé». Et de détailler : «si l’hôpital ou les établissements de santé sont les principaux lieux de passage à l’acte, les VSS peuvent également intervenir dans le cadre d’un exercice libéral, lors de sa formation continue, mais aussi dans toute la diversité des contextes d’exercice cités par les répondants : dans des établissements scolaires, en entreprise, lors de congrès, dans des laboratoires d’analyses médicales, etc.» Après un «#Metoo santé plus concentré sur l’hospitalier», l’enquête montre que «les professionnels libéraux sont également victimes» et doivent être pris en compte, souligne Sylvaine Mazière-Tauran.

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Au total, 38 % des victimes déclarent «n’avoir entrepris aucune démarche» essentiellement par «crainte des répercussions» sur leur carrière ou de «ne pas être entendues». Seulement 2 % d’entre elles ont porté plainte. La majorité des victimes estiment ne pas suffisamment connaître leurs droits et les démarches à entreprendre.

L’Ordre des infirmiers propose alors diverses mesures, dont une formation de tous les professionnels soignants et administratifs, dès les études. Il voudrait aussi améliorer la coordination avec les services de police-justice, mettre en place «des systèmes de déclaration simplifiés près du terrain», modifier le code de déontologie pour permettre à un infirmier de «se retirer» du suivi d’un malade en cas de danger, ou encore renforcer les sanctions administratives, y compris «préventives», contre les auteurs. «Il faut mettre fin à cette espèce de culture» carabine, sexualisée, «qui persiste sur l’image de l’infirmière», a conclu la présidente, déplorant un «non-respect de la profession» sous couvert d’un humour qui «ne fait rire personne».

Libération

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