Ils ne laissent apparaître que leurs yeux, seule partie de leur anatomie à ne pas être recouverte par un bonnet, une écharpe ou une paire de gants. Ils sont vingt et un, recroquevillés sur leurs chaises disposées en cercle autour du feu dans lequel une palette en bois est encore en train de brûler.
Ce mardi 10 décembre au matin marque le 33e jour de grève des conducteurs de bus de Cergy-Pontoise. Depuis le 7 novembre, ils se retrouvent devant le dépôt de bus de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise), pour protester contre leur employeur, l’entreprise Francilité Seine et Oise (FSO).
Ce conflit social prend ses racines dans l’ouverture à la concurrence des lignes de bus de la grande couronne parisienne par l’autorité organisatrice des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM), dans le cadre de la réglementation de l’Union européenne.
Le 1er janvier 2024, la société FSO du groupe Lacroix & Savac, choisie par IDFM à la suite d’un appel d’offres, a pris en main les lignes gérées jusqu’ici par la Stivo côté Cergy-Pontoise et Transdev côté Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). L’opérateur doit donc élaborer un nouvel accord avec les salariés en passant de deux à un seul secteur.
C’est cet accord qui déclenche les protestations. Les « anciens Stivo » préservent leur salaire de 2 400 euros net mensuels en moyenne avec les primes. Mais les nouveaux conducteurs, arrivés depuis la reprise du secteur par FSO, signent leur contrat à 1 490 euros.
Mehdi, 31 ans, fait partie des « petits nouveaux ». A peine cinq mois après son arrivée, il songe à démissionner. « Je passe d’un salaire de 2 500 euros en tant que chauffeur intérimaire à 1 450 euros en CDI ici. Mon banquier fait la gueule et moi aussi », s’exaspère-t-il.
Patrick Valet, conducteur depuis quatorze ans, qui fait partie des anciens, assure avoir perdu « 200 euros de salaire » depuis que FSO a repris le secteur.
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