Bonne nouvelle
Première pierre d’un plan à près de 200 milliards d’euros sur dix ans, le groupe Ferrovie dello Stato Italiane veut essentiellement investir pour son réseau ferré, mais également pour le routier. Le plan du même montant côté français, annoncé par Elisabeth Borne début 2023, est quant à lui au point mort.
C’est un investissement massif et en un temps record pour le rail, mais aussi pour la route. Dans son «Plan stratégique 2025-2029», première brique d’un plan à 195 milliards d’euros sur dix ans annoncé l’an dernier, le groupe Ferrovie dello Stato Italiane (FS) a promis ce jeudi de mettre «plus de 100 milliards» sur la table, dont une grande majorité sera destinée au ferré. «L’objectif est d’améliorer la qualité du réseau ferroviaire et routier en achevant certains ouvrages essentiels pour le développement économique et social du pays», a résumé le directeur général, Stefano Antonio Donnarumma, qui a également annoncé une ouverture du capital, mais «pas de privatisation». Une annonce qui rappelle le plan à 100 milliards d’ici 2040 dans le ferré annoncé début 2023 de notre côté des Alpes par Elisabeth Borne et qui peine à se concrétiser.
570 millions de passagers par an
Sur dix ans, le rail obtient 110 milliards sur les 195 milliards annoncés. Plusieurs lignes passeront à la grande vitesse, avec la Naples-Bari, dont les travaux sont déjà en cours, et 10 milliards d’euros sur les 60 milliards prévus dans le renouvellement de l’infrastructure seront fléchés vers la seule ligne Palerme-Catane-Messine en Sicile. Le groupe ferroviaire confirme au passage «la mise en circulation de 46 nouveaux trains à grande vitesse Frecciarossa 1000, 145 trains régionaux et plus de 1 260 bus à faibles émissions dans les dix prochaines années».
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Mais si le groupe FS gère 17 000 km de lignes de chemin de fer en Italie, qui voient circuler autour de 9 000 trains de jour, 570 millions de passagers par an et 37 millions de tonnes par an dans le fret, elle s’occupe aussi de 32 000 km de routes, via sa filiale Anas, sur lesquels circulent plus de 8 millions de personnes par jour. 40 milliards d’euros sur les dix prochaines années seront destinés à ce réseau, dont 15 milliards «pour l’amélioration de la qualité de service». Les 25 milliards restants seront directement alloués aux infrastructures routières, dont plus du quart sera destiné à la réfection des routes en Calabre et en Sicile.
«La privatisation ne fait pas partie de nos plans»
Le groupe FS veut par ailleurs poursuivre son développement du rail au-delà de ses frontières. Vaisseau amiral ferré du groupe FS, Trenitalia, désigné lundi première compagnie en Europe par l’ONG Transport and Environment, fait déjà circuler 230 millions de passagers à l’étranger par an, notamment en France sur l’axe Paris-Lyon, et en prévoit 40 % de plus d’ici cinq ans.
Et ce n’est pas le seul objectif ambitieux de la compagnie italienne : 30 % de passagers en plus sur les trains à grande vitesse en Italie en cinq ans, développement du multimodal avec des partenariats pour le fret ferroviaire et des parkings pour les passagers, projets immobiliers près des gares, 1 GW de panneaux solaires installés… FS vise en 2029 100 millions de passagers en plus par an dans les trains et 95 millions dans les bus.
Du côté du financement, 14 des 100 milliards d’euros seront apportés par le plan de relance européen, et le reste essentiellement par l’Etat, unique actionnaire de FS. Un plan sur cinq ans censé porter ses fruits selon Stefano Antonio Donnarumma, qui prévoit en 2029 un chiffre d’affaires d’environ 20 milliards d’euros et un bénéfice net annuel d’environ 500 millions d’euros. Et si le capital est ouvert aux acteurs institutionnels, Donnarumma a assuré que «la privatisation ou la dissolution du groupe FS ne fait pas partie de nos plans».
En France, les RER métropolitains ont du mal à démarrer
Les milliards qui doivent pleuvoir sur le rail transalpin tranchent avec le plan annoncé par Elisabeth Borne il y a bientôt deux ans. Une grande partie de ce plan à 100 milliards, qui correspondaient aux estimations réalisées par Jean-Pierre Farandou, le PDG de la SNCF, devait permettre de réaliser une promesse d’Emmanuel Macron, la création de RER métropolitains, sur le modèle des RER franciliens. Mais les projets de Serm («Services express régionaux métropolitains») peinent à se concrétiser, hormis à Bordeaux, Strasbourg ou encore dans l’agglomération de Tours.
Interrogé sur le plan à 100 milliards à plusieurs reprises lors de son audition à l’Assemblée le 4 novembre, le ministre démissionnaire des Transports, François Durovray, a «confirmé que cela demeure notre feuille de route. Nous devons consolider le financement, ce qui sera l’objet de la conférence sur le financement des mobilités que j’organiserai début 2025. Cette conférence visera à améliorer la lisibilité et à éviter les à-coups liés à l’examen annuel du budget». Le changement de gouvernement va peut-être retarder encore un peu plus la clarification du chiffre annoncé par Elisabeth Borne en 2023.
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