Guatemala : des membres d’une secte juive ultra-orthodoxe ont tenté de reprendre 160 enfants secourus par les autorités

Les membres d’une secte juive ultra-orthodoxe ont forcé la porte d’un centre médical de la capitale, ce dimanche 22 décembre, pour récupérer une centaine d’enfants appartenant à leur groupe, dont certains se sont échappés. Ils avaient été exfiltrés deux jours plus tôt par les autorités à la suite d’une enquête pour soupçons de traite d’êtres humains.

Des membres d’une secte juive ultra-orthodoxe du Guatemala, soupçonnée de violences sexuelles sur mineurs, ont tenté dimanche 22 décembre de reprendre par la force 160 enfants placés dans un centre spécialisé par les autorités. Une «alerte» spéciale a été lancée pour ceux qui se sont s’échappés. Deux jours plus tôt, les autorités avaient porté secours à ces enfants qui vivaient dans une propriété du groupe sectaire Lev Tahor («Cœur pur» en hébreu). Dès lors, ils ont été pris en charge dans un centre de soins de la capitale, avaient annoncé le ministre de l’Intérieur et le ministère public.

A 16 h 30, (23 h 30 en France), ce dimanche, certains des membres de la secte ont «fait irruption» à l’intérieur du centre médical en «forçant la porte» et en «enlevant» plusieurs enfants, a expliqué le Procureur général de la nation dans un message sur X. Des personnes présentes devant le refuge se sont jointes aux membres du groupe et ont essayé d’empêcher les autorités de reprendre les mineurs, ce qui a entraîné des heurts, a rapporté un photographe de l’AFP sur place.

La plupart des enfants ont été récupérés avec l’aide de la police. Mais dans la soirée, le secrétariat aux Affaires sociales a indiqué dans un communiqué qu’un nombre non précisé d’enfants avaient quitté le centre au moment de l’effraction, «avec l’aide d’adultes», et qu’ils demeuraient introuvables. «Ce faisant, ils se sont soustraits au processus d’hébergement temporaire et exceptionnel dont ils étaient les bénéficiaires», a poursuivi la même source, ajoutant qu’une «alerte» spéciale pour la recherche de mineurs disparus a été activée.

«Grossesses forcées, maltraitance d’enfants et viol»

«Nous voulons qu’ils les laissent sortir d’ici», avait déclaré plus tôt dans la journée Uriel Goldman, un représentant des familles de Lev Tahor réunies devant le centre d’accueil. Selon lui, le groupe religieux est la cible «de mensonges» et de «fausses dénonciations». Avant de dénoncer, «une pression extérieure [pour] détruire la communauté».

La perquisition, le 20 décembre, de la propriété de la secte, située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Guatemala, avait été motivée par des soupçons de traite d’êtres humains «sous forme de grossesses forcées, de maltraitance d’enfants et de viol», selon le procureur Dimas Jiménez. Les recherches ont permis de découvrir les ossements présumés d’un mineur, avait informé le parquet.

En réaction, la secte – composée de quelque 50 familles, principalement du Guatemala, des Etats-Unis et du Canada selon les autorités – a qualifié les enquêtes qui la visent de «persécution religieuse». Lev Tahor a été fondée dans les années 1980 et pratique une forme ultra-orthodoxe de judaïsme, selon laquelle les femmes doivent notamment porter des tuniques noires qui les recouvrent de la tête aux pieds. Le groupe s’est installé à Oratorio en 2016, après des raids de la police et du parquet contre plusieurs de ses immeubles au Guatemala, pays où la secte s’est installée en 2013. A l’époque, les autorités guatémaltèques avaient indiqué agir à la demande d’Israël, dont la police était à la recherche d’une mineure disparue. En 2014, la secte avait été expulsée d’un village maya en raison de plusieurs différends avec les habitants.