Poisson à tête de blob, souris amphibie, écureuil nain… De nouvelles espèces recensées au Pérou

Poisson à tête de blob, souris amphibie, écureuil nain… De nouvelles espèces recensées au Pérou

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Exploration

Le Libé des animauxdossier

Une équipe de scientifiques ne s’attendait pas à trouver autant d’animaux inconnus dans l’Alto Mayo, une région forestière très peuplée du Pérou. La plupart des espèces étudiées étaient toutefois déjà familières des communautés indigènes, qui ont été associées à la recherche.

Les secrets insoupçonnés de l’Alto Mayo, au Pérou, se révèlent peu à peu aux yeux des scientifiques. Des chercheurs de cette région dont les riches écosystèmes s’étendent des Andes à l’Amazonie ont publié vendredi 20 décembre les résultats d’une étude menée sur le terrain au cours de l’été 2022. Grâce à l’appui d’assistants techniques issus de la Fédération régionale indigène des communautés Awajún de l’Alto Mayo, qui possèdent des connaissances traditionnelles approfondies, les scientifiques péruviens ont recensé 27 espèces d’animaux encore jamais étudiées. Parmi elles, une souris amphibie aux pattes palmées appartenant à une lignée «extrêmement rare et mal connue» selon les auteurs, ainsi qu’une salamandre grimpant aux arbres ou encore un «poisson à tête de blob» [sorte de grosse masse informe, ndlr]. Par ailleurs, 48 autres espèces sont encore en cours d’analyse pour déterminer si elles sont bel et bien nouvelles pour la science.

L’expédition, qui s’est déroulée sur deux mois, a permis de recenser 2 046 espèces animales et végétales dans une région certes peu étudiée mais très urbanisée. C’était «passionnant», raconte au quotidien britannique The Guardian celui qui a dirigé l’étude, l’américain Trond Larsen, directeur du Moore Centre for Science de l’ONG Conservation International. «Les paysages de l’Alto Mayo font vivre 280 000 personnes des villes, villages et communautés alentour, expose-t-il. Avec une longue histoire de changement d’utilisation des terres et de dégradation de l’environnement [agriculture et déforestation, ndlr], j’ai été très surpris de trouver une richesse globale d’espèces aussi élevée, y compris tant d’espèces nouvelles, rares et menacées, dont beaucoup ne peuvent être trouvées nulle part ailleurs.»

De l’Amazonie aux forêts de nuages

A l’aide de pièges photographiques, de capteurs bioacoustiques et d’ADN environnemental collectés dans les rivières et d’autres milieux aquatiques, l’équipe de chercheurs a exploré sept écosystèmes de l’Alto Mayo, situés entre 570 et 2 230 mètres d’altitude. Papillons, bousiers, poissons, oiseaux, plantes, reptiles, amphibiens… Les sites les plus proches du niveau de la mer abritent une faune et une flore influencées par l’Amazonie, tandis que les sites les plus élevés se trouvent dans les «forêts de nuages» des Andes, un type de forêt humide caractéristique des milieux tropicaux de montagne.

Les espèces inédites recensées comprennent quatre mammifères : une chauve-souris frugivore à queue courte, un écureuil nain ultra rapide, une souris épineuse et une souris amphibie. Cette dernière «appartient à un groupe de rongeurs carnivores semi-aquatiques dont la majorité des espèces sont extrêmement rares et difficiles à collecter, ce qui leur confère un statut quasi mythique pour les experts en mammifères. Nous ne l’avons trouvée que dans une parcelle unique de forêt marécageuse menacée par l’empiétement de l’agriculture. Il est possible qu’elle ne vive qu’à cet endroit», s’émerveille le chercheur, qui appelle à maintenir et à restaurer «la mosaïque vibrante et dynamique d’écosystèmes» qui compose l’Alto Mayo pour protéger les espèces qui s’y trouvent avant qu’elles ne disparaissent à cause de l’homme. La trouvaille la plus intrigante de l’expédition est «le poisson à tête de blob, qui ressemble aux espèces de poissons-chats cuirassés, mais avec une extension vraiment bizarre, semblable à un blob moucheté, à l’extrémité de sa tête», décrit Trond Larsen. La fonction de cet étrange «blob» reste pour le moment un mystère.

49 espèces «menacées» sur la liste rouge de l’UICN

Si ces animaux sont une découverte totale pour la communauté scientifique, certains, à l’instar du poisson blob, n’étaient pas étrangers aux communautés indigènes. «En tant que peuple Awajún, nous avons une grande connaissance de notre territoire, souligne Yulisa Tuwi Wajai, qui a participé à la recherche sur les reptiles et les amphibiens. Nous savons quelles plantes peuvent nous soigner et nous nourrir et nous connaissons les chemins de la forêt qui nous ont permis de rencontrer différents animaux. Ces découvertes sont aussi destinées au monde scientifique.»

Les chercheurs ont également recensé 49 espèces «menacées» figurant sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature, dont deux singes en danger critique d’extinction (le singe laineux à queue jaune et le singe titi de San Martin), deux oiseaux (le picumne perlé et la chevêchette nimbée) et une grenouille endémique de la région. Tous espèrent que l’étude permettra de renforcer les efforts de conservation, notamment par la création d’un corridor écologique entre la réserve naturelle de la «forêt protégée de l’Alto Mayo» et la zone de conservation régionale de la Cordillère Escalera.

Libération

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