Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé dans un communiqué, mercredi 25 décembre, « des mesures de grâce présidentielle au profit de 2 471 détenus » et « des mesures d’apaisement » pour « huit détenus [en détention provisoire] dans l’attente des procédures d’enquête et de jugement ».
Ces mesures inédites pourraient bénéficier à Boualem Sansal, écrivain franco-algérien de 80 ans, accusé d’« atteinte à l’intégrité du territoire national » et actuellement en soins à l’hôpital Mustapha-Pacha d’Alger.
Outre ces mesures d’apaisement, des réductions de peine et des « grâces totales » sont prévues pour quatorze individus « condamnés définitivement pour des crimes d’atteinte à l’ordre public ».
En Algérie, ces prisonniers de droit commun sont considérés comme « des victimes, voire des otages d’une parade politico-judiciaire », selon l’avocat algérien Aïssa Rahmoun. Ils seraient actuellement au moins 218 dans ce cas, selon le défenseur des droits humains Zaki Hannache.
« Desserrer l’étau »
Parmi ces détenus d’opinion pourraient se trouver des personnalités comme le général à la retraite Ali Ghediri, le général à la retraite Ali Ghediri, l’entrepreneur Nabil Mellah ou encore l’artiste franco-algérienne Djamila Bentouis.
Avec ces gestes, le chef de l’Etat veut « montrer que l’Algérie n’est pas un Etat répressif », assure l’un de ses proches, Mehdi Ghezzar. « M. Tebboune veut surtout desserrer l’étau après les pressions internationales qu’il a reçues dans l’affaire Sansal et après la vague de mécontentement que les Algériens ont manifesté sur les réseaux sociaux », analyse le militant Saïd Salhi.
L’ancien vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) fait référence au hashtag « Manich radi » (« je ne suis pas satisfait », en arabe), qui a fait irruption ces derniers jours sur les réseaux sociaux. En l’utilisant, des Algériens dénoncent le manque de liberté, la répression, mais aussi la situation économique et sociale du pays.
Peut-on considérer les mesures prises le jour de Noël par le chef de l’Etat comme un tournant ? « Nous avons remarqué que les “grâces” présidentielles ne signifient pas un relâchement dans la répression, souligne Zaki Hannache. A chaque phase de libération succède une vague de répression encore plus intense et qui se solde par des interpellations et de nouvelles mises sous mandat de dépôt. » Cette fois-ci, Saïd Salhi, lui, se veut plus optimiste et espère que le geste du président Tebboune ira « vers plus d’ouverture démocratique et de liberté ».
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