Lancement du recensement de l’Insee : il y aura bien une question sur le lieu de naissance des parents

Lancement du recensement de l’Insee : il y aura bien une question sur le lieu de naissance des parents

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Ce jeudi 16 janvier, neuf millions de Français habitant dans 15 000 communes participeront à la vague annuelle de recensement, qui durera jusqu’en février. Parmi les quelque 45 questions, celle portant sur le lieu de naissance des parents crée la controverse depuis plusieurs années. Certaines associations et syndicats y voient «un pas vers une possible inégalité de traitement par l’Etat», ainsi que l’a dénoncé une tribune publiée en décembre, signée notamment par la présidente de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et la secrétaire générale de la CGT. Les signataires appellent les futurs recensés à la boycotter.

Depuis 2021, ces organisations ont appelé l’Insee à revoir sa copie (notamment dans Libération), saisissant par exemple la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil). Sans succès. «Le danger n’est pas tant technique que politique», martèle auprès de Libé Jan Robert Suesser, membre du bureau national de la LDH. «Dans notre société qui fait la part belle aux préjugés, il ne faut pas qu’une information sur l’origine immigrée de chacune, de chacun, puisse être suivie au travers des générations successives…» Sa crainte ? Un détournement dans le débat public. «Les déclarations du président du Rassemblement national indiquant que “des personnes d’origine étrangère, qui travaillent, qui ne font rien de mal, n’ont rien à craindre de son parti” disent clairement que ce serait un critère dans ses politiques d’extrême droite», soutient la tribune.

Eclairer les inégalités de traitement

L’Insee, de son côté, se défend de toute possibilité de récupération politique : «Les questionnaires, et donc leur exploitation, seront anonymisés», explique Muriel Barlet, cheffe du département de la démographie à l’institut. Et de souligner que la Cnil a donné son feu vert à cette évolution, jugeant la question «légitime», dès lors que la protection des données est effective. Elle relativise aussi l’impact de la nouveauté : si dans les communes de moins de 10 000 habitants, l’ensemble de la population est invité à répondre à l’Insee tous les cinq ans, dans celles de plus de 10 000, cela ne concernera, chaque année, qu’un échantillon de 8 % des ménages.

Pourtant il y a bien eu, en quelque sorte, réécriture : la question sur le lieu de naissance des parents, comme celle portant sur le handicap (l’autre nouveauté de 2025), sera facultative. L’Insee l’a justifié en invoquant les réticences à répondre de certaines personnes méconnaissant le lieu de naissance de leurs parents. Mais pour les associations, il y a d’autres moyens d’éclairer les inégalités de traitement en lien avec les origines. «Des comptages à de simples fins d’études, sans politiques qui les demandent, c’est de toute façon un danger», estime Jan Robert Suesser.

«Adaptation des politiques publiques»

L’argument ne convainc pas Muriel Barlet, qui rappelle que ce genre de question figure dans d’autres enquêtes de la statistique publique. Cela permettrait, selon elle, de mesurer les différentes situations d’inégalité et de discriminations à un niveau fin. «Concrètement, si le marché de l’emploi, ou celui du logement, est plus inégalitaire dans telle agglomération plutôt que dans telle autre, cela nécessiterait bien une adaptation des politiques publiques», argumente-t-elle.

Pour François Héran, professeur au collège de France, il s’agirait même d’une avancée décisive. Dans une tribune parue en avril dernier dans Libération, il défendait là un «instrument de connaissance très précieux sur le sort des immigrés et de leurs enfants». Rendre le principe républicain d’égalité effectif, c’est «se donner les moyens de mesurer l’écart qui sépare la réalité de l’idéal», concluait-il. Encore faudra-t-il que les Français interrogés se prêtent à l’exercice pour rendre les données fiables.

Recensement, mode d’emploi

Depuis 2004, l’Insee applique un recensement par échantillon. La population des petites communes (moins de 10 000 habitants) est intégralement recensée tous les cinq ans ; celle des grandes villes (plus de 10 000 habitants) chaque année (mais sur un échantillon de 8 % des adresses). Sur une période de cinq ans, environ 40 % des logements d’une grande commune auront été recensés, ce qui permet de produire des statistiques représentatives pour l’ensemble de la commune.

Lors du recensement, les habitants reçoivent la visite d’un agent recenseur recruté par la mairie et encadré par l’Insee, qui remet un questionnaire papier ou un code pour répondre en ligne. Le recensement implique deux types de questionnaires. Le premier, pour l’ensemble du foyer, porte sur le logement : son type, sa surface, sa vétusté, ses équipements et son statut d’occupation (propriétaire, locataire…). Le second est un bulletin individuel rempli par chaque membre du foyer : âge, profession, situation familiale, niveau d’études, déplacements quotidiens. Toutes les données sont anonymisées et confidentielles. Répondre est une obligation légale qui permet d’affiner les politiques publiques, de décider de la construction d’infrastructures, ou encore de déterminer l’allocation de ressources aux collectivités locales.

Libération

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