Ecrans : en faire les alliés plutôt que de tenter en vain de les bannir

Ecrans : en faire les alliés plutôt que de tenter en vain de les bannir

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S’informer, échanger, bousculer les certitudes sur des questions qui dérangent… Telle est l’ambition du Forum européen de bioéthique de Strasbourg. Au programme de cette quinzième édition, du 29 janvier au 1er février 2025 : la santé mentale.

Les écrans ont envahi la vie des adultes comme celle des enfants, leur utilisation massive est vivement critiquée. A contre-courant, Vanessa Lalo, psychologue spécialiste des pratiques numériques, propose d’en faire les alliés de l’apprentissage plutôt que de tenter en vain de les bannir.

Pourquoi entendons-nous si peu de réflexions positives sur les pratiques numériques des enfants ?

Il y a une nostalgie de la part de beaucoup de parents et adultes en général, qui comparent avec leur propre enfance. Par ailleurs, ces pratiques sont arrivées très vite dans nos vies et nous n’avons pas eu le temps de les intégrer. Ce manque de maîtrise et nos modes d’utilisation éloignés de ceux des plus jeunes, créent un fossé qui nous pousse à juger leur conduite. Enfin, médiatiquement parlant cela n’intéresse personne des articles qui diraient : «le numérique ça dépend», «les écrans ça dépend»… On titre sur les dérives au détriment des solutions à apporter aux familles.

Vous ne préconisez pas non plus l’écran dans n’importe quelles conditions…

Non. Un enfant de 2 ans par exemple a besoin de développer sa psychomotricité, son langage, son rapport au monde en trois dimensions, de toucher et manipuler des objets. Des heures d’écran à cet âge-là, c’est de la négligence ou de la maltraitance. C’est sur les recommandations que je me différencie des anti-écrans. Ce qui est problématique, c’est le temps passé au détriment d’autres activités, donc la carence dans le développement : ne pas jouer, ne pas parler avec ses parents. Je préfère me poser la question de comment aider ces parents à trouver la bonne place face au numérique.

Pourquoi tant de parents semblent-ils dépassés pour poser les limites ?

Parce que nous sortons le numérique des enjeux éducatifs habituels. Il ne faut pourtant pas le décorréler du reste. Cela engendre soit beaucoup de laxisme, soit beaucoup d’interdictions. Il peut également y avoir de la culpabilité. Si vous passez votre temps devant un écran, vous savez que c’est un mauvais exemple. Il est difficile de dire non à un enfant quand vous prenez du plaisir à binger la saison entière d’une série sur Netflix.

Comment faire famille avec les écrans au milieu ?

Il faut arrêter les habitudes qui individualisent : un sur la télé, un autre sur la console etc. Finalement, on n’aura rien vécu en commun. Il faut remettre du collectif : regarder ensemble, faire ensemble, créer ensemble. Cela va permettre de s’intéresser aux pratiques des enfants, comme au contenu qu’ils consomment et de mieux les connaître : qui sont leurs influenceurs ou streamers préférés ? Sinon on passe à côté de son enfant. On pourra être surpris par des pratiques créatives ou au contraire se rendre compte qu’on a sous-estimé des mises en danger potentielles.

Doit-on s’accorder sur des règles ?

Je conseille d’écrire une charte en famille de l’utilisation des écrans pour délimiter les cadres d’utilisation. Cela ne doit pas être punitif, l’idée est de créer un paramétrage collectif avec des discussions. Et si, pour le bien de la famille, nous décidons qu’il n’y a pas d’écrans à table, il ne doit pas y en avoir non plus pour les adultes. Pourquoi Snapchat serait banni mais le journal télé OK ?

Et puis, soyons créatifs et force de proposition avec des contenus pertinents et qualitatifs ! Nous savons qu’ils passeront des heures sur TikTok, autant que ce soit en regardant des vidéos éducatives, artistiques ou culturelles. S’il n’y a pas Stendhal dans votre bibliothèque, votre enfant n’ira pas le lire. Pour le numérique, c’est pareil.

Libération

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