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Les moyens de la rentrée 2025 sont enfin fixés, ce qui permet d’y voir plus clair sur les priorités définies par la nouvelle ministre Elisabeth Borne. La rue de Grenelle a présenté ce vendredi 17 janvier aux syndicats la répartition par académie des emplois dans les écoles, collèges et lycées publics. Le début d’une mécanique habituellement bien huilée, mais qui a pris un mois et demi de retard à cause de la chute du gouvernement Barnier.
Ce qui a permis aux députés socialistes de faire annuler les 4 000 suppressions de postes d’enseignants initialement prévus dans le projet de loi de finances 2025, sous peine de censurer le Premier ministre, François Bayrou. La rue de Grenelle récupère ainsi 50 millions d’euros. De quoi «accompagner nos politiques éducatives», a annoncé Elisabeth Borne, qui enterre deux mesures phares du «choc des savoirs» d’un de ses prédécesseurs, Gabriel Attal : celle de poursuivre «les groupes de besoins» en quatrième et en troisième, et celle de rendre la réussite à l’examen du brevet obligatoire. Libé fait le point sur les annonces.
Pas de réussite obligatoire au brevet
Contrairement à ce qu’avait annoncé le précédent gouvernement pour 2027, l’obtention du brevet ne sera pas obligatoire pour entrer au lycée. Seul le passage de l’examen reste un point obligé. L’expérimentation des classes «prépa secondes» pour les élèves n’ayant pas eu leur brevet, déjà pratiquée dans quelques lycées, sera en revanche maintenue à la rentrée 2025, le temps d’en évaluer ses effets. Elisabeth Borne envisage par ailleurs de mettre en place de nouveaux dispositifs de soutien pour accompagner les élèves dont les conseils de classe auraient décidé le passage en seconde sans avoir forcément réussi leur examen.
Exit le déploiement des groupes de niveaux
Comme à l’accoutumée depuis la présidence Macron, le ministère veut concentrer ses moyens «en faveur des fondamentaux». Elisabeth Borne ne revient pas dans l’immédiat sur les «groupes de besoins» – en réalité des groupes de niveaux – en français et en maths déployés en sixième et cinquième depuis septembre avec beaucoup de difficultés. Avant cela, le ministère doit tout de même régler la légalité de cette mesure, le Conseil d’Etat ayant estimé en novembre qu’un simple arrêté ne suffisait pas. Une proposition de décret sera donc présentée aux syndicats enseignants fin janvier. L’efficacité de cette réforme, contestée par toute la communauté éducative, sera évaluée en mars et en juin. Sans résultats probants, le ministère ne ferme pas la porte à sa suppression en 2026.
Elisabeth Borne a en revanche mis un coup d’arrêt au déploiement de ces groupes de niveaux en quatrième et en troisième. Exit cette idée, censée se mettre en place à la rentrée prochaine. La ministre s’en remet aux équipes éducatives pour choisir quels dispositifs d’accompagnement elles souhaitent pour ces classes, «en coordination avec les corps d’inspection et en cohérence avec les priorités éducatives existantes». Ces dispositifs de soutien pourront se concentrer sur le français et les maths, ou sur d’autres matières. Ces mesures d’accompagnement impliquent la création de 324 emplois supplémentaires.
Dans le second degré encore, Elisabeth Borne confirme la mise en place du plan «pour la tranquillité scolaire» de sa prédécesseure Anne Genetet, avec la création de 170 postes de conseillers principaux d’éducation et de 600 assistants d’éducation dans les collèges et lycées.
Moins d’élèves par classe dans les écoles
En créant des emplois dans le second degré, le ministère en supprime dans le premier. En dehors de Mayotte, Aix-Marseille, Nice et la Guyane, toutes les académies perdent des emplois, mais moins que prévu. La baisse démographique continue, avec 92 700 élèves en moins à la rentrée 2025, permet mécaniquement de diminuer les effectifs en classe, assure le ministère. Qui se targue d’atteindre le plus bas niveau du nombre d’élèves par classe depuis la mesure de cet indicateur, avec 21,1 élèves par classe en moyenne à la rentrée de septembre 2025, contre 21,3 en 2024 et 23,2 en 2017. La France conserve malgré tout son titre de championne des classes les plus chargées d’Europe.
Le ministère acte aussi le recrutement de 2 000 accompagnantes d’élèves en situation de handicap (AESH) sur 140 000 postes aujourd’hui. La rue de Grenelle veut enfin «préserver les moyens de l’école rurale, malgré la baisse démographique marquée» et promet de créer des classes de toutes petites sections dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.
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