Aja Monet : «La créativité est par essence collective»

Il suffit d’un geste léger, d’une main qui s’oriente doucement vers Javier Santiago pour que celui-ci comprenne. Pas un mot, pas un regard ne lui est adressé, mais il sait et obéit : l’intensité de son piano baisse, il joue en effleurant presque les touches, et la main de la vocaliste se dirige cette fois vers le micro, s’en saisit, laissant place à une voix sévère récitant un texte en anglais, For The Kids…, dédié aux générations futures : «Béni soit l’enfant qui se souvient /Qui questionne /Et répond avec courage /Ou les enfants qui vivent pour enterrer leurs aînés /Qui osent une nouvelle histoire et la rendent possible /Un test, une lutte, un voyage qui révèle l’intime /Aux enfants qui vivent /Qui vivent et nous défient /Puissent-ils nous embarrasser /Nous montrer qui nous sommes.» Dans le théâtre de la Cité Internationale de Paris, pas un murmure ne vient troubler la déclamation de la poétesse. Beaucoup ce lundi de novembre sont pourtant venus voir Shabaka Hutchings, grand nom du jazz britannique, programmé juste après. Mais par l’autorité naturelle dégagée par l’Américaine et par la maîtrise des quatre instrumentistes qui l’accompagnent, tous, désormais, se rappelleront de son nom : Aja Monet.

A 37 ans, la musicienne américaine est en Europe pour défendre son premier album intitulé When The Poems Do What They Do. Elle évoluait

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