En Corée du Sud, les partisans du président déchu Yoon Suk-yeol imitent l’assaut du Capitole

En Corée du Sud, les partisans du président déchu Yoon Suk-yeol imitent l’assaut du Capitole

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Vitres cassées, policiers blessés, attaque à l’extincteur… Un tribunal de Séoul a connu dimanche 19 janvier un assaut digne de celui contre le Capitole du 6 janvier 2021, dernier épisode d’une crise politique pleine de rebondissements en Corée du Sud. A 3 heures du matin heure locale, la décision de ce tribunal de la capitale d’étendre la période de détention du président Yoon Suk-yeol de vingt jours a provoqué la fureur de ses partisans. Réunis en masse devant le bâtiment dès samedi soir, les manifestants ont brisé le cordon policier précédemment établi et sont rentrés de force dans la cour du district ouest de Séoul, située dans le quartier branché de Mapo.

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Ils étaient là pour en découdre. En témoignent les nombreux dégâts dans l’enceinte du tribunal, mais aussi les visages des policiers ensanglantés que l’on peut voir sur les vidéos partagées par les internautes sur les réseaux sociaux. «Ils s’en sont pris à des policiers en les frappant avec des bâtons lumineux ou des boucliers qu’ils leur avaient arrachés, ou en leur jetant dessus des cendriers et des déchets», rapporte l’agence de presse Yonhap. Certains manifestants ont même attaqué des policiers à l’aide d’un extincteur.

La chaîne d’information coréenne MBC News indique que les manifestants ont visé sans discernement les policiers, les juges, ainsi que les journalistes présents sur les lieux. Ils n’ont pas pu s’attaquer comme ils le voulaient à la juge qui avait pris la décision de prolonger la détention du président déchu, déjà partie ce soir-là. Elle a depuis été placée sous protection policière, selon Yonhap.

Trois youtubeurs d’extrême droite présents sur place ont filmé l’assaut du tribunal. «Pourquoi tout le monde n’est pas là ? Allez, venez tous !» lance l’un d’eux lors d’un stream qui a duré sept heures. Leurs vidéos constituent désormais des outils pour la police afin d’identifier les émeutiers sur les lieux. Au total, les 1 400 policiers déployés lors de l’assaut ont arrêté 45 personnes dans l’enceinte de la cour et 40 autres à l’extérieur du bâtiment.

Crise politique interminable

L’événement est jugé «sans précédent» dans l’histoire de la Corée du Sud selon l’avocat et commentateur politique Yoo Jung-hoon, interrogé par l’Agence France-Presse. Depuis la déclaration de la loi martiale par Yoon Suk-yeol, le 3 décembre 2024, la Corée du Sud traverse une crise politique historique. La décision inattendue du président désormais déchu a poussé des centaines de milliers de manifestations dans les rues, du jamais-vu depuis la fin de la dictature militaire dans le pays, à la fin des années 1980. Le président Yoon s’était justifié en affirmant qu’il souhaitait protéger son pays des «forces communistes sud-coréennes» et «éliminer les éléments hostiles à l’Etat», ce qui a été vu comme un prétexte par l’opposition démocrate pour s’en prendre à ses détracteurs.

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Destitué par le Parlement le 14 décembre, Yoon a été arrêté seulement un mois après, le 15 janvier 2025. Les forces conjointes de la police et du Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) ont dû s’y prendre à plusieurs reprises, le service de sécurité présidentiel (PSS) ayant empêché la première tentative d’arrestation dans sa résidence. Le chef du PSS, Park Chong-jun, a par la suite démissionné de son poste, le 10 janvier.

Yoon Suk-yeol reste, techniquement, le président de la Corée du Sud jusqu’à ce que la Cour constitutionnelle tranche. Pour s’occuper des affaires courantes, le pays a déjà connu deux présidents par intérim en deux semaines : le 27 décembre, Han Duck-soo, qui exerçait l’intérim de Yoon Suk-yeol, a lui aussi été destitué et remplacé par Choi Sang-mok. Han était accusé de ne pas coopérer à l’enquête judiciaire contre l’ancien chef de l’Etat. Ce mardi 21 janvier commence la troisième audience, sur cinq au total, pour confirmer, ou non, la destitution de Yoon. Il ne s’était pas présenté lors de la première audience tenue par la Cour : qu’il vienne ou non, le tribunal a 180 jours pour se prononcer, soit jusqu’à la mi-juin.

Dans une lettre adressée à ses concitoyens le 1er janvier, Yoon Suk-yeol a annoncé qu’il allait «se battre jusqu’au bout». Car malgré son procès, ses partisans le soutiennent mordicus, et sa formation, le Parti du peuple au pouvoir (PPP), est même remontée récemment dans les sondages, atteignant 39 %, ce qui le place devant le parti démocrate à 36 %.

Libération

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