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«Ce film a été approuvé par la Guilde des Anges» : Angel Studios, ou le catalogue œcuménique de productions chrétiennes. Pourquoi pas. Dans le genre propagande, tant de films de guerre ont bénéficié de l’appui et la logistique de l’armée. Le propos ici : le droit chemin, en Christ, caméra dans une main et Bible dans l’autre. Dolorisme et prosélytisme, la vie de saint et martyr imprègne les innombrables biopics de notre nouveau siècle. Voici le destin du pasteur Diet rich Bonhoeffer, grande et rare figure de résistance à Hitler au sein de l’église luthérienne allemande – dont il quitta les instances dès que les nazis la mirent au pas de l’oie en «Eglise protestante du Reich», rejoignit la dissidence de l’Eglise confessante, et prit part à une conspiration pour assassiner le führer.
Prêcher aux prêcheurs donc, pourquoi pas ? Aux croyants égarés, sympathisants actuels du fascisme, adeptes de la manière forte, des racistes sanguinaires ? Reconnaissons alors n’être pas du tout le cœur de cible. Mais le film aurait-il la moindre chance de convaincre, via son parfait académisme, des ouailles de retrouver la lumière de vérité et de bonté divines, de résister aux appels à la terreur brutale, les évangélistes de cesser de voter Trump (trop tard), les marinistes de faire le lit du crypto-lepénisme, ou la nébuleuse néofasciste européenne de jouer les paillassons stipendiés du maître du Kremlin, on applaudirait le tour de force, la conversion et la grâce. Seulement, depuis quand un mauvais film a-t-il rendu meilleur les hommes ? L’Espion de Dieu se voulant grave et solennel, est un strudel indigeste, étouffe-chrétien, engoncé dans son pieux mensonge qu’à travers cet être exceptionnel, l’Eglise aurait surtout résisté.
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