Lompoul : la mine d’Eramet menace le désert sénégalais
Du ciel, on ne voit qu’elle, « la plus grosse drague au monde », selon son opérateur français, Eramet Grande Côte. Aux côtés de ce gigantesque engin flottant, chargé de curer le fond d’un lac artificiel de 180 000 m2, les dunes paraissent infimes. Le désert de Lompoul, le plus petit d’Afrique, à 150 km au nord de Dakar, semble quasi rayé de la carte. Les limons noirs des dunes, l’un des atouts touristiques du Sénégal, sont exploités depuis une décennie par l’entreprise minière pour en extraire de l’ilménite, du rutile et du zircon, minerais indispensables à l’industrie nucléaire mais aussi à la céramique.
Toutefois, depuis 2014, la filiale sénégalaise du groupe minier français est accusée par les communautés locales de détruire ce territoire et plus largement de bouleverser l’environnement dans la région des Niayes où sont produits 60 % des légumes et des fruits du pays, selon la Banque mondiale.
« En colère »
Face à Eramet Grande Côte, qui s’est vu octroyer par l’Etat une concession de 106 kilomètres de long sur 4 de large, une poignée de paysans, d’élus et d’entrepreneurs font de la résistance. « En colère », Birame Mbaye Diagne, cogérant d’un écolodge, a porté plainte contre la compagnie minière, en vue d’obtenir des dédommagements supplémentaires.
« Ça suffit »
Rien ne stoppe l’avancée de la mine dans le désert de Lompoul. Mais depuis l’avènement d’un nouveau régime au pouvoir, élu sur la promesse d’une rupture, un vent de révolte souffle aux abords de la mine. Les manifestations sont « de plus en plus fréquentes », reconnaît Ousmane Goudiaby, chargé à Eramet Grande Côte des relations avec les communautés locales.
Epuisement des ressources en eau ?
D’autres petits cultivateurs rencontrés par Le Monde s’inquiètent de l’épuisement des ressources en eau et en imputent la responsabilité à Eramet Grande Côte. La Banque mondiale estime, dans un rapport de février 2022, que les « nappes des Niayes [sont] surexploitées ».
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