Nominations de Jacques Audiard et «Emilia Pérez» aux oscars : regarde les récompenses tomber

Nominations de Jacques Audiard et «Emilia Pérez» aux oscars : regarde les récompenses tomber

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Carton plein pour Emilia Pérez, cité treize fois dans la liste des nominations aux oscars, dont les catégories les plus exposées : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice (pour la comédienne espagnole Karla Sofía Gascón), meilleure actrice dans un second rôle (Zoe Saldana), meilleur film en langue étrangère, meilleure adaptation, montage, son… N’en jetez plus. Le record de The Artist en 2012 s’établissait à dix nominations. Le film muet de Michel Hazanavicius était reparti avec cinq statuettes. En 2024, nommé dans cinq catégories, Anatomie d’une chute de Justine Triet avait remporté le meilleur scénario original. Avec cinq nominations (dont meilleur film et réalisatrice), Coralie Fargeat est l’autre française en vue plaçant les convulsions plastiques de Demi Moore dans The Substance, coproduction entre France, Angleterre et Etats-Unis, en très bonne position. Il s’agit évidemment aussi d’un plébiscite pour les choix de Thierry Frémaux au Festival de Cannes qui avait en compétition aussi bien Emilia Pérez que The Substance, de même que les six nominations de la palme d’or, Anora de Sean Baker.

Il s’agit du moins d’un nouveau coup d’éclat pour Jacques Audiard, 72 ans, dont la carrière est jalonnée de très nombreux prix. Trente ans pile après son césar du meilleur premier film en 1995 pour Regarde les hommes tomber, le cinéaste est parvenu à la fois à creuser des thèmes obsessionnels (beaucoup le rapport père-fils à ses débuts) tout en se réinventant à chaque film, occupant dans le paysage du cinéma français de ses débuts à la réalisation une place à part, très préoccupé et concentré sur la question du film de genre quand l’essentiel des auteurs d’alors héritier de la Nouvelle Vague tente de donner le change en étant qui le nouveau Truffaut, Rohmer ou Godard. Trois césars pour Sur mes lèvres, huit pour De battre mon cœur s’est arrêté, neuf pour Un prophète après avoir emporté à Cannes le grand prix du jury, quatre césars pour De rouille et d’os (qui fera près de 2 millions d’entrées en salle), il décroche une palme d’or en 2015 avec Dheepan. Son western, les Frères Sisters en 2018 emporte, lui, un lion d’argent à la Mostra de Venise et un césar du meilleur réalisateur.

Véritable fascination pour la figure de héros fêlés

Pourtant Audiard met du temps avant de se projeter dans la peau d’un cinéaste, et a fortiori de renommée internationale. «Je m’imaginais écrivain ou philosophe. Si je devenais quelqu’un c’était Maurice Blanchot», racontera-t-il. Fils de la star du dialogue qui tue, Michel Audiard, il finit par cosigner avec ce dernier le scénario de Mortelle Randonnée de Claude Miller avec Michel Serrault et Isabelle Adjani en 1983, une histoire d’enfant mort écrit dans un rapport de filiation endeuillé – François Audiard, le fils et frère aîné s’était tué dans un accident de voiture en 1975. Jacques Audiard passera ensuite dix ans à enchaîner les scénarios tels que Sac de nœuds de Josiane Balasko, Grosse Fatigue de Michel Blanc ou Vénus Beauté (Institut) de Tonie Marshall. Il réalise son premier film, Regarde les hommes tomber, mais vit très mal le tournage : «Je n’ai pas du tout aimé ça. Je voulais arrêter à ce moment-là. […] Je n’ai pas du tout vécu l’expérience de la mise en scène comme je l’imaginais. J’ai trouvé ça détestable.» Lui qui va attaquer une filmo durablement associé à une véritable fascination pour les univers masculins et la figure de héros fêlés, explorant l’univers des agents immobiliers véreux ou les truands et autres taulards affirme avoir quitté le plateau, exaspéré par des équipes de techniciens relous : «J’ai toujours exécré les sociétés masculines», dit-il volontiers dans diverses interviews. En 2009, encore : «La virilité n’est intéressante qu’au moment où elle s’écroule. Si une chose me fait horreur, c’est la virilité affirmée.»

Il fallait oser couper les jambes de Marion Cotillard dans De rouille et d’os ou faire d’un concierge sri-lankais issu des rangs des tigres tamouls la figure centrale de Dheepan. Quand on voit Emilia Pérez, c’est la même incrédulité sur sa capacité à rendre possible des projets a priori invendables – une comédie musicale sur la transition de genre d’une ex-baronne de la drogue mexicaine qui devient une sainte et tout ça tourné sans Mexicains en banlieue parisienne ! – qui rassemble les professionnels du cinéma sur son cas, qu’ils aiment ou n’aiment pas le film.

Puissance de feu de Netflix

Le moins que l’on puisse dire c’est que le renouvellement du collège de l’Académie pour plus de diversité favorise un cinéma non exclusivement américain mais personne encore n’a paru aux Etats-Unis s’émouvoir d’une réception côté Amérique latine, et particulièrement au Mexique, nettement plus mitigé : «Je ne me souviens pas d’une œuvre artistique ayant créé une telle polémique au Mexique, et pourtant on aime les scandales», disait à Libération la journaliste et productrice mexicaine Susana Moscatel. La tournée promo à Mexico a été houleuse avec Jacques Audiard piloté par un cabinet de com lui soufflant d’être humble, respectueux et modeste dans un pays d’autant plus à cran que leur ennemi juré, Donald Trump, a été réélu.

On verra dans la nuit du 2 au 3 mars combien de prix Audiard remporte, sachant qu’il a déjà obtenu quatre Golden Globes et qu’il bénéficie de la puissance de feu de Netflix, son distributeur américain. L’intense et épuisante campagne des oscars sur fond de Los Angeles cramé commence donc pour lui et ses équipes.

Libération

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