Le «Spleen de l’ange», l’ombre au tableau de Johanny Bert

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Trop simpliste malgré quelques numéros soignés, la nouvelle création du marionnettiste français est loin d’égaler les précédentes.

Perplexité. C’est sans doute ce que nombre de spectateurs ont ressenti devant le spectacle de Johanny Bert, marionnettiste virtuose dont la précédente création, la (Nouvelle) Ronde, avait été particulièrement remarquée, pour sa beauté sombre et sa capacité à manier sur scène la chose sexuelle avec une vigueur inédite. On cherche en vain cette audace et cette grâce dans le Spleen de l’ange, qui raconte l’histoire d’une créature divine mélancolique, descendue sur la Terre pour se plaindre de sa condition non humaine en poussant la chansonnette.

C’est sans doute là que le premier bât blesse : la musique, jouée et chantée en live par une poignée de musiciens et Johanny Bert lui-même, rappelle la nouvelle chanson française des années 2000 à son pire – plus Bénabar que Vincent Delerm. Le plateau noir figure un cabaret un peu poussif, résonnant tout du long de mélodies mignonnettes et de rimes d’un lyrisme adolescent. Difficile de s’attacher à cette fiction simpliste, qui écrase une performance par ailleurs inégale. L’ange protagoniste est une marionnette hybride et escamotable, tête blafarde sur un corps de chauve-souris en tissu noir, parfois manipulée par-derrière, parfois enfilée comme un costume par le metteur en scène. Une heure durant elle explore une poubelle où elle se procure des godillots beckettiens, vide l’urne funéraire de toute la misère du monde, se nourrit de la beauté d’une fleur rouge enclose dans un globe de verre, ou encore assiste à l’étreinte de deux peaux nues, jusqu’à trouver elle-même mains, pieds, et consistance et embrasser dans la salle un spectateur pour sceller son humanité nouvelle.

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Cette créature peine à trouver vie et beauté dans une série de numéros inégaux, pas toujours bien éclairés, pas toujours très rythmés – peut-être le spectacle, compliqué techniquement, se rodait encore en cette première. Pour autant surgissent parfois soudain quelques images à l’incongruité bienvenue et à la bizarrerie magique – ce tableau par exemple où trois grosses têtes se disputent le corps de l’ange en tournoyant doucement au-dessus de lui. Trop fugaces, ces instants excèdent heureusement un pénible onirisme de kermesse, et laissent espérer que Johanny Bert revienne à sa manière ancienne, paradoxalement plus neuve.

Le Spleen de l’ange de Johanny Bert. Jusqu’au 26 octobre au Théâtre de la Ville-les Abbesses à Paris (75018) puis en tournée.

Libération

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