Ojos, Adrien Soleiman, Marlene Larsen, Andrea Laszlo de Simone… la playlist du cahier musique de «Libération»

La découverte : Ojos, tempête sentimentale

Une histoire de mues. Au début était Holy Two, duo lyonnais pop-rock, anglophone, tourmenté et enflammé, formé par deux architectes, Elodie Charmensat et Hadrien Perretant. Des bâtisseurs sonores de qualité comme en témoignent deux albums et une poignée de maxis parus entre 2013 et 2018, dominés par la voix particulière, écorchée vive, d’Elodie Charmensat. Clivante certainement.

Effet «pandémiesque» ou pas, le couple mis en pause forcée, retrouve les planches en 2021 avec un nouvel intitulé. Sous dénomination Ojos, les yeux en espagnol, il se réinvente, mi-français, mi-hispanique, dans une construction plus electro, rappelant les frasques éruptives de Noga Erez ou de MIA à l’occasion de leur initiatique EP Volcans. Au fil des années et de titres lâchés sur les plateformes, on suit leur bouillonnante (r)évolution permanente, les entraînant vers un registre de plus en plus personnel. Chanson française musclée et rebelle, captant son électricité du côté du rap ou de l’électronique.

Apothéose aujourd’hui avec un premier album tempétueux, OUI FUTUR, aux vocaux souvent vrillés par l’autotune et aux thématiques la plupart du temps intimes, reflétant un parcours sentimental très agité. En mots et en musiques, c’est tranchant, ça secoue, mais Ojos ne perd jamais de vue une certaine accessibilité mélodique. D’où le potentiel tubesque de Adieu, Je dors tout le temps ou Llorona. Et si l’une des chansons phares de ce disque se nomme l’Amour ou le succès, Elodie Charmensat et Hadrien Perretant, grâce à ce tellurique OUI FUTUR, pourraient ne pas avoir à choisir.

Ojos OUI FUTUR (Yotanka). En concert le 5 février à Paris (Le Trabendo), le 4 mars à Caluire (Le Radiant).

La playlist

Adrien Soleiman When The Magic Happens ft. Halo Maud

Le saxophoniste arrangeur le plus demandé de notre pays (de Armanet à Chamfort) pense enfin à lui, quasiment dix ans après sa première escapade en solo. Un tourbillonnant jazz pop «progressif». Magique.

Marlene Larsen What You’re Waiting For

A la découverte de cette rockeuse lyonnaise, inspirée des fameuses années 90, sans s’en faire la simple copiste. Son timbre vocal ingénieux à la fois rond et rauque enflamme un titre résolument addictif. A suivre.

Andrea Laszlo de Simone Un momento migliore

Sortie le soir du jour de l’an, cette chanson se veut le reflet de ce «meilleur moment» de l’année. Enfin pas toujours. L’habituelle mélancolie suintant de ce bilan intime du Turinois est là pour nous le rappeler.

Marie Davidson Demolition

Martiale, la Québécoise se prépare à la sortie de son sixième album avec un titre inspiré des beats electro des années 1980 et des sonorités métalliques de l’EBM, sans se départir d’un solide sens mélodique.

Lea Maria Fries Witch’s Broom

En Suisse, Lea Maria Fries se laisse porter par une basse virtuose le temps d’un titre qui tient autant de la mélancolie pesante de Portishead que des expérimentations rythmiques de Lamb. Et quelle voix.

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