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Le 22 octobre et le 12 novembre 2025, Terrenoire sera sur la scène du Trianon à Paris. Des concerts initialement prévus en avril 2023, et envisagés à l’époque comme une manière de battre le fer encore chaud de la victoire de la musique de la révélation masculine 2022, pour ne rien perdre de l’élan et présenter vite la suite, même dans la foulée d’une tournée de 120 dates. Puis, le rendez-vous approchant, le groupe a ressenti le besoin d’annuler ces soirées et de retarder son deuxième album. Une pause indispensable pour renouer avec l’inspiration.
Durant cette année et demie, les frères Théo et Raphaël Herrerias ont notamment organisé un festival dans leur quartier du quartier de Terrenoire, à Saint-Etienne, dont les mines et les hauts-fourneaux ont participé au développement du chemin de fer en Europe. Même si la capitale est un des personnages du disque (Paris, la grande ville), ce quartier reste leur source d’inspiration : «Terrenoire n’est pas révolutionnaire /C’est des chansons populaires /Qui rendent fier le quartier» (Vivre sobrement). Peut-être pas révolutionnaire, mais engagé, assurément, à l’image de la chanson Le fou dans la voiture, allégorie étourdissante d’un dirigeant forcené qui n’écoute personne (toute ressemblance…).
A la différence du cinglé de la chanson, les frères Herrerias souhaitent échanger, écouter, comprendre… et cet album a été lancé comme une invitation. Pour le fabriquer, ils ont ouvert leur studio à plusieurs artistes. En combinant productions électroniques, synthés, piano, et les cordes, vents, saxophone ou clarinette de leurs invités, ils produisent un son hybride dont la richesse éblouit. Le duo brille également dans sa manière de mettre en scène le dialogue entre frères : leurs voix se répondent, se croisent, se métamorphosent (hotline gorgone, le bon sens) toujours en sachant garder accessibles des arrangements parfois audacieux. L’album Protégé.e, regard sensible de deux trentenaires sur la vie où s’entrechoquent l’amour, le cul, la politique, la peur de la mort, mais aussi l’état de la planète, nous laisse tour à tour heureux, effrayé, déterminé ou abattu. A l’heure où des multimilliardaires légitiment la haine en ligne, on préférera, comme Terrenoire le chante à la fin de l’album, Pleurer devant la beauté.
Terrenoire protégé.e (Black Paradiso /Virgin Records)
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