«Trompe-l’œil», «inefficace» : la politique d’égalité femmes-hommes en France étrillée par la Cour des comptes

«Trompe-l’œil», «inefficace» : la politique d’égalité femmes-hommes en France étrillée par la Cour des comptes

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Ce sont 150 pages au vitriol. La Cour des comptes juge très sévèrement la politique de l’Etat en faveur de l’égalité femmes-hommes, dans un rapport publié ce lundi 27 janvier. En cause, notamment : «un portage politique en trompe-l’œil et d’un pilotage interministériel défaillant», peut-on lire dans ce document, tandis que l’augmentation des crédits alloués par l’Etat, résulte d’une «volonté d’affichage».

Sur le plan professionnel, «plus diplômées que les hommes, les femmes n’accèdent pourtant pas aux postes et aux métiers les mieux considérés et les plus rémunérateurs», relèvent les magistrats financiers dans leur rapport, intitulé «Les inégalités entre les femmes et les hommes, de l’école au marché du travail». Si les femmes sont désormais majoritaires au sein des professions intermédiaires et si elles ont davantage qu’avant accès à des métiers de cadre, les inégalités «se résorbent trop lentement». Les politiques en faveur de la mixité «peinent à porter leurs fruits» et l’articulation entre la stratégie interministérielle et les plans d’actions ministériels est «insuffisante».

Dans l’enseignement scolaire et universitaire, «le foisonnement d’actions ne constitue pas une politique publique», met en garde la Cour des comptes. Et tacle : l’égalité entre les filles et les garçons est «partout et nulle part», alors qu’elle «nécessite un portage politique plus fort».

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Pour pallier ces insuffisances, l’institution préconise de renouveler la convention interministérielle dans le système éducatif 2019-2024 et d’en réunir le comité de pilotage une fois par an. Face à la faible mixité des parcours, la Cour des comptes appelle par ailleurs à une «plus grande mobilisation» des branches professionnelles, notamment au moment des stages pour «élargir les choix d’orientation et faciliter la découverte des métiers».

Autre dossier crucial : les écarts de salaire persistants. Le rapport estime sur cet aspect que le ministère du Travail doit «s’impliquer davantage» pour revaloriser les métiers majoritairement exercés par des femmes. Il épingle l’index «égalité professionnelle» instauré en 2018, qui ne concerne «qu’une faible part des salariés, tend à invisibiliser les inégalités réelles entre femmes et hommes, et ne s’accompagne pas toujours de pratiques plus vertueuses en matière d’égalité professionnelle». Quant au système de sanctions et de pénalités, il est «insuffisamment appliqué» avec 120 pénalités infligées «seulement» entre 2021 et 2024.

Sur le volet des lois imposant des quotas aux entreprises, la Cour des comptes estime que celles-ci ont «une efficacité limitée». L’obligation de transparence prévue dans la loi Rixain de 2021 sur la représentation équilibrée dans les instances dirigeantes n’est pour sa part «pas encore respectée», relève le rapport, avec, «sur les 1 194 entreprises assujetties, seulement 64 %» ayant «satisfait à leur obligation de déclaration».

«Modèles féminins»

Mêmes critiques concernant le secteur de l’éducation où depuis 2018, les établissements doivent compter un ou plusieurs référents égalité filles-garçons. Or, en 2020 seuls 53 % disaient en avoir. A cela s’ajoute, selon les magistrats, une formation des cadres et enseignants encore «insuffisante». Afin de les sensibiliser davantage et de les former à la pédagogie égalitaire et au poids des stéréotypes de genre dans l’orientation des élèves, l’institution estime nécessaire d’instaurer un «module de formation continue» et s’assurer de «son suivi sous cinq ans».

Par ailleurs, les outils servant à mesurer les inégalités progressent, mais ils restent «insuffisants», ce sujet apparaissant encore «secondaire». Face à ce constat, les magistrats financiers appellent à «réaffirmer la responsabilité» de l’Institut national de la statistique (Insee) comme «coordinateur des statistiques genrées» et à inscrire la question de l’égalité entre les femmes et les hommes au «rang de priorité» du Comité national de l’information statistique.

Quant aux parcours exemplaires de femmes – les «role models», des modèles de femmes auxquelles les jeunes filles peuvent s’identifier afin de suivre leur exemple -, ils «doivent être mieux valorisés». Objectif : développer «les présentations de modèles féminins permettant d’influencer les choix des jeunes femmes vers des filières scientifiques».

Libération

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