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S’informer, échanger, bousculer les certitudes sur des questions qui dérangent… Telle est l’ambition du Forum européen de bioéthique de Strasbourg. Au programme de cette quinzième édition, du 29 janvier au 1er février 2025 : la santé mentale.
Il avait promis de «mettre fin au délire transgenre». Lors de sa campagne pour l’élection présidentielle, Donald Trump l’avait annoncé : dès son investiture, le 20 janvier, il signerait des décrets pour «exclure les transgenres de l’armée, des écoles primaires, des collèges et des lycées». Ajoutant que «La politique officielle des États-Unis sera qu’il n’y a que deux genres : homme et femme». Une attaque frontale de la part du 47e président des États-Unis à la diversité des identités de genre. Une reconquête de l’identité américaine aussi à travers toute une série de décrets pour fermer la frontière «aux immigrés illégaux et stopper l’invasion de notre pays». Alors que certains cherchent à s’affranchir de toute identité (religieuse, culturelle ou de genre), d’autres, au contraire, s’en réclament. La question sera posée, le 31 janvier, lors d’une table ronde à Strasbourg, au Forum européen de la bioéthique à Strasbourg.
En quoi santé mentale et identités sont-elles reliées ? «Si l’on considère l’identité comme un axe central de notre psychisme qui se développe à travers toute une série de crises développementales, depuis la petite enfance jusqu’au grand âge, il est certain que notre santé mentale est indissociable de notre identité», analyse pour Libération Éric Binet, psychologue clinicien et maître de conférences à l’École de Psychologues Praticiens de Paris, qui interviendra lors de la Table ronde. «De nombreuses personnes en souffrance psychique sont en quête d’identité, en ne cherchant pas uniquement à se définir mais aussi en cherchant à donner une direction et une signification à leur existence. Il est assez intéressant d’observer que le trouble dissociatif de l’identité, qui est la forme la plus grave de trouble dissociatif, fait le buzz sur les réseaux sociaux», poursuit-il. Le praticien explique que «le besoin d’identité», qui confine parfois à l’exacerbation, est le fruit d’une incertitude croissante, «d’une fragmentation de nos repères traditionnels». «Il y a une quête, une tentative de trouver une forme de stabilité, de cohérence dans un monde en constante mutation», estime Éric Binet. Un besoin expliqué aussi par le fait que l’identité est vivante et tend à se mouvoir au fil du temps.
Anna Zielinska, maîtresse de conférences en philosophie à l’Université de Lorraine, évoque, elle, le «désir de résister au changement», qui existe depuis Platon dans la philosophie. «En Occident, le point de départ est cette résistance au changement, comme le changement de sexe. Il y a une recherche de constance absolue dans l’identité, quelque chose qu’on ne pourrait pas enlever», explique-t-elle. «Le terrain de lutte principale en philosophie est celui-ci: “est ce que le moi existe ou pas ”?», ajoute Anna Zielinska. Par ailleurs très investie sur le sujet, elle indique qu’elle évoquera l’histoire de la psychiatrisation de l’homosexualité lors de la table ronde. Pour rappel, ce n’est qu’en 1990 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rayé l’homosexualité de la liste des maladies mentales.
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