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Les Français qui se font soigner à l’hôpital par des médecins étrangers ont-ils le «sentiment» d’une «submersion migratoire» ? Les maires ruraux trop contents de sauver leur école grâce à la présence dans leur commune de familles immigrées ont-ils le «sentiment» d’une «submersion migratoire» ? Les chefs d’entreprise dont l’affaire ne fonctionne que grâce à une main-d’œuvre étrangère, voire parfois des salariés sans papiers, ont-ils le «sentiment» d’une «submersion migratoire» ? Les étudiants qui s’enrichissent intellectuellement et culturellement grâce à la présence dans les couloirs de leur université de camarades étrangers ont-ils le «sentiment» d’une «submersion migratoire» ?
Considérer que François Bayrou commet là une faute ne signifie en rien qu’une régulation de l’immigration n’est pas souhaitable, ou qu’un pays désireux de contrôler ses frontières dériverait nécessairement vers un régime de nature totalitaire. C’est tout simplement considérer que les faits, les chiffres, démentent ce «sentiment» dont parle le Premier ministre. Et qu’hystériser le débat migratoire relève d’un projet politique qu’on ne savait pas conforme aux valeurs humanistes dont se réclame le leader centriste. Quant au choix tactique du Premier ministre, encalminé dans une discussion budgétaire à haut risque pour sa survie à Matignon, de chercher à surfer sur cette fausse vague submersive, elle laisse perplexe. Sauf à penser que François Bayrou fait la même erreur que Michel Barnier en acceptant d’être aux mains de l’extrême droite.
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