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La Banque centrale européenne (BCE) devrait annoncer ce jeudi 30 janvier une nouvelle baisse de ses taux d’intérêt, propice à soutenir la faible croissance en zone euro, même si les incertitudes sur la politique à venir de Donald Trump compliquent sa tâche. Le taux de dépôt, qui fait référence, devrait reculer de 0,25 point de base, à 2,75 %, selon la plupart des économistes. Ce serait la cinquième baisse depuis juin et la quatrième d’affilée.
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Les gardiens de l’euro anticipent toujours un retour de l’inflation à leur objectif de 2 % dans le courant de cette année, malgré la remontée des prix en zone euro au dernier trimestre de 2024, jusqu’à 2,4 % en décembre. Les pics de taux d’intérêt connus en 2023, décidés à l’époque pour contrer l’inflation élevée due à la flambée des prix de l’énergie et à la reprise post-Covid, appartiennent désormais au passé.
La BCE continue d’assouplir sa politique quand la banque centrale américaine (Fed) a opté mercredi pour le statu quo sur ses taux – dans une fourchette comprise entre 4,25 % et 4,50 % – face à une inflation élevée et un marché du travail jugé solide. Les banquiers centraux américains sont restés de marbre face aux pressions de Trump., qui avait «exigé» la semaine précédente que «les taux d’intérêt baissent immédiatement». La situation diffère en zone euro, avec une activité économique restant faible et la désinflation appelée à se poursuivre. En baissant les taux, la BCE veut réduire le coût du crédit afin de stimuler l’investissement et la consommation. Et selon les experts, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, devrait laisser la porte ouverte jeudi à d’autres baisses à venir dans l’année.
Plusieurs éléments vont cependant pousser les gardiens de l’euro à ne pas précipiter le mouvement. Au niveau mondial, la confiance dans la stabilisation de l’inflation pourrait être remise en cause par la «politique imprévisible» de Trump, selon les économistes de Deutsche Bank. Au forum économique mondial de Davos, le président américain a exhorté à produire dans son pays sous peine de droits de douane élevés.
Ses menaces de guerre commerciale sont de nature à peser sur les exportations européennes, donc sur une croissance déjà faible, et à donner des arguments pour baisser encore les taux de la BCE. Mais la hausse des tarifs douaniers américains générerait aussi de l’inflation aux Etats-Unis, qui pourrait se répercuter par contagion au niveau mondial. Et ce même si Lagarde a tenté d’en minimiser la portée, en déclarant à Davos que toute «reprise de l’inflation aux Etats-Unis […] sera un problème pour les Etats-Unis» avant tout.
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Ces possibles turbulences pourraient toutefois fracturer «l’unité» au sein du conseil des gouverneurs de la BCE, déjà marqué par des divergences sur «l’ampleur des baisses de taux» et les impacts des «droits de douane américains sur la stabilité des prix en Europe», selon Stephanie Schoenwald, économiste à la banque publique allemande KfW. Ces incertitudes, combinées à l’instabilité politique en France et en Allemagne, compliquent la tâche de la BCE.
Autre élément surveillé de près, le prix du baril de brut a grimpé depuis décembre. Les analystes doutent que l’Arabie saoudite et l’Opep céderont aux pressions de Trump, qui a les a invités à faire baisser les prix du pétrole en augmentant leur production. En l’absence de choc dans les mois à venir, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, juge néanmoins «plausible» le scénario d’un taux de dépôt ramené «autour de 2 % d’ici l’été», a-t-il déclaré à Davos. Cela correspondrait, selon lui, au taux dit «neutre», qui n’aide ni ne pénalise la croissance économique et contribue à maintenir l’inflation à 2 %.
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