«Une Histoire silencieuse» d’Alexandra Boilard-Lefebvre, objectif Thérèse

«Une Histoire silencieuse» d’Alexandra Boilard-Lefebvre, objectif Thérèse

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Au premier coup d’œil, elles sont identiques et c’était bien l’effet escompté. Chemise blanche, jupe sous le genou, jambes croisées, «le pied gauche pointé, à peine posé au sol et leurs mains gracieusement ouvertes sur leurs cuisses». Nous sommes en 1959 à l’école Sœur-Sainte-Anne-Marie, sur le boulevard Gouin à Montréal. Les filles s’appellent Pierrette, Francine, Jocelyne, Mireille ou Andrée, et au quatrième rang il y a Thérèse, Thérèse Larin, alignée avec ses camarades et pourtant «subtilement dissidente, le menton légèrement tourné, les poings fermés». Derrière ses lunettes papillon, autour de sa seizième année, elle a «le regard de quelqu’un qui voudrait s’échapper», le visage de «quelqu’un qui voudrait changer de vie». Elle mourra onze ans plus tard, le 29 septembre 1970, devenue Mme Roger Lefebvre, un nom qu’on retrouve sur la couverture d’Une histoire silencieuse.

Les écrivains, comme les souris, se nichent dans les trous et guettent souvent les silences pour sortir de l’ombre. Alexandra Boilard-Lefebvre avait une grand-mère dont, dans sa famille, on ne parlait jamais, et lorsqu’on en parlait c’était pour répéter une sale histoire : elle était morte très jeune, à 27 ans, dans son sommeil, asphyxiée par son vomi (de la même façon et la même année que Jimi Hendrix, mais la comparaison s’arrête là). «Ce n’est que des années plus tard en répétant à mon tour l’histoire de sa mort que j’ai été pour la première fois saisie par son étrang

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