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Les images de l’impressionnante collision d’un hélicoptère de l’armée américaine et d’un avion de ligne, survenu mercredi, ont fait le tour du monde. A ce jour, 40 corps ont été retrouvés sur les 64 personnes présentes dans l’avion et les trois militaires à bord de l’hélicoptère.
Dans un point presse tenu le lendemain, Donald Trump a rejeté la faute sur ses prédécesseurs, «Obama, et Biden, et les démocrates, [qui] ont tout politisé». Dans ses déclarations, le président des Etats-Unis a également mis en cause, sans aucune preuve, «l’effort de la FAA [le régulateur américain de l’aviation, ndlr] en faveur de la diversité, [qui] inclut l’accent mis sur l’embauche de personnes souffrant de graves déficiences intellectuelles et psychiatriques… c’est incroyable».
De quoi exciter ses partisans qui, dans la foulée, ont accusé, sur les réseaux sociaux, le pilote de l’hélicoptère d’être en fait une femme transgenre. «Elle a écrit une longue lettre sur la «dysphorie de genre» et la dépression un jour avant l’accident mortel ! Ce pourrait bien être une autre attaque terroriste trans…», a assuré vendredi matin sur X, dans une publication vue près de cinq millions de fois, un internaute qui se présente comme «conseil d’Elon Musk».
A transgender Black Hawk helicopter pilot for the military wrote a long letter about “Gender Dysphoria” and depression 1 day before the fatal crash!
What happened may have been another trans terror attack… pic.twitter.com/WLTo7gnSZG
— Matt Wallace (@MattWallace888) January 31, 2025
Une allégation également reprise par un autre compte sur X ce vendredi matin, dans un post vu plus de trois millions de fois, qui indique que «le pilote du Black Hawk a été identifié comme étant l’adjudant-chef 2 (CW2) Jo Ellis, une femme transgenre. Jo Ellis a servi dans la Garde nationale de Virginie pendant quinze ans et a effectué sa transition alors qu’elle servait en tant que pilote. Jo a tenu des propos anti-Trump radicalisés sur les réseaux sociaux».
La fausse information est ensuite reprise par The Express Tribune, un quotidien pakistanais. Un article publié sur le site du journal assure ainsi que «certaines sources en ligne ont également suggéré qu’Ellis avait parlé ouvertement de ses problèmes de dysphorie de genre et de dépression, un rapport affirmant qu’elle avait écrit sur ces problèmes juste un jour avant l’accident».
Les informations collectées par CheckNews permettent bien d’identifier cette femme comme étant une pilote d’hélicoptère Black Hawk, le modèle d’appareil impliqué dans la collision. De même, un texte a effectivement été publié par Jo Ellis le 28 janvier, soit l’avant-veille de l’accident, sur le site smerconish.com. Mais si elle livre effectivement des détails sur son sentiment de dysphorie de genre, elle ne fait état à aucun moment de dépression. La pilote explique avoir «grandi dans une famille religieuse et conservatrice» et se décrit elle-même comme religieuse et conservatrice jusqu’en 2016, soit la date de la première élection de Trump. Il s’agit de la seule évocation – indirecte – de Donald Trump dans la lettre.
Jo Ellis détaille les théâtres d’opérations dans lesquels elle a été déployée, la vie qu’elle a menée en tant qu’homme et le processus qui l’a conduite à assurer finalement sa transition. Elle dit avoir reçu l’approbation de son conjoint, «le soutien massif» de son commandement, de son unité et de «nombreuses femmes soldats». La lettre se conclut par son souhait de «servir encore au moins quinze ans. J’aime mon Etat et j’aime mon pays».
CheckNews a retrouvé les différents comptes de Jo Ellis sur les réseaux sociaux et a interrogé directement la femme prétendument décédée… qui nous a répondu quelques minutes plus tard : «je suis vivante et je vais bien». Dans le même temps, elle a fait une publication sur son compte Facebook déclarant que ces fausses accusations sont «insultantes pour les victimes et les familles des disparus [qui] méritent mieux que cette connerie des robots et trolls d’internet».
Peu après, Jo Ellis a également publié une vidéo d’elle, dénommée «preuves de vie et déclarations». Elle y répète que la rumeur la concernant est fausse et insultante pour et les victimes du crash. Elle reproche aussi au département de la défense de ne pas avoir rapidement démenti la rumeur, en informant qu’aucun membre de l’unité militaire à laquelle elle appartient – en Virginie – n’était présent dans l’appareil. D’après le Daily Mail, le Pentagone s’apprête à faire une déclaration à ce sujet.
Mise à jour : 31 janvier à 16 h 30, ajout de la vidéo de Jo Ellis.
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