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«Rien n’est exclu» disait Catherine Vautrin quelques heures plus tôt. C’est même décidé : François Bayrou utilisera le 49.3 dès lundi pour abréger les débats à l’Assemblée sur les budgets de l’Etat et, rapidement, de la Sécurité sociale. Le Premier ministre en fait l’annonce dans un entretien qui fait, ce dimanche 2 février, la une de La Tribune Dimanche. Un outil de «sortie de crise» pour «passer à l’adoption» des budgets, selon les mots de Bayrou, mais qui l’expose à nouveau au risque de la censure, moins de deux mois après son arrivée à Matignon.
L’arme constitutionnelle sera utilisée pour valider les conclusions de la Commission mixte paritaire députés-sénateurs. Le gouvernement devrait conserver «le texte issu de la CMP», confirme la ministre du Budget Amélie de Montchalin. Après ce compromis élaboré par la coalition gouvernementale, assorti de concessions au Parti socialiste dans le but d’éviter une censure, «il faut passer sans tarder à l’adoption. Un pays comme le nôtre ne peut rester sans budget», insiste François Bayrou.
Malgré les retouches à la copie initialement présentée par Michel Barnier, dont François Bayrou chiffre le coût «peut-être autour de 5 milliards», le budget 2025 permettra de maintenir le déficit au chiffre annoncé de 5,4 % du PIB, assure le Premier ministre.
L’utilisation du 49.3 — également annoncée rapidement pour le Budget de la Sécu, dont l’examen reprend aussi lundi au Palais-Bourbon — devrait immanquablement déboucher sur une motion de censure, promise par La France insoumise et que devraient voter — sans doute mercredi — les communistes et les écologistes. Le RN et le PS n’ont pas encore fait connaître leurs intentions. Les regards sont plus particulièrement braqués sur les socialistes, avec qui le gouvernement négocie depuis plusieurs semaines.
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Une censure «serait rejetée avec colère par les Français». «Ces deux partis (le RN et le PS, ndlr) le savent aussi bien que moi», met en garde François Bayrou, pour qui les Français «ne veulent pas aller de destruction en destruction, vivre de censure en censure, de dissolution en dissolution». Le Premier ministre centriste a reçu l’appui en ce sens d’un prédécesseur socialiste, Lionel Jospin. «Voter la censure aujourd’hui, effectivement, ne serait pas responsable», a jugé ce dernier sur France 5, s’adressant au PS «et même à l’ensemble des forces de gauche».
Le centriste a reçu un soutien sans enthousiasme de la droite, dûment représentée au gouvernement mais dont le soutien à l’Assemblée «se décide texte par texte», insiste dans le JDD le patron des députés LR Laurent Wauquiez. L’élu de Haute-Loire a rappelé être «fermement opposé à de nouvelles hausses d’impôts» et se dit impatient de voir l’exécutif «passer des paroles aux actes» en matière de sécurité et d’immigration.
Déjà en campagne pour une nouvelle dissolution que le RN juge inéluctable, Jordan Bardella a de son côté poussé l’idée d’un référendum sur l’immigration. Prenant au bond samedi, lors d’un meeting devant quelque 3 000 personnes à Montélimar (Drôme), l’expression de «submersion migratoire» employée cette semaine par le Premier ministre.
Comment gouverner dans la durée sans majorité ? Après cette «entente» sur le budget, «rien ne pourrait justifier qu’on s’arrête là», plaide François Bayrou, qui énumère «huit sommets» de «l’Himalaya» à venir : «l’Éducation nationale, la sécurité et la justice, l’outre-mer, la production – qu’elle soit industrielle, agricole, culturelle –, le changement climatique, la santé, la question migratoire». Sans oublier les retraites, objet d’un conclave entre partenaires sociaux.
François Bayrou s’est par ailleurs justifié d’avoir voulu scinder en deux textes le projet de loi sur la fin de vie, «parce qu’il y a deux questions absolument distinctes». «Pour la première, celle des soins palliatifs, je considère que notre société a un devoir imprescriptible». Alors que la deuxième, «celle de l’assistance à mourir», «est une question de droit, qui peut engendrer des débats de conscience extrêmement lourds». Mais «je n’ai aucune intention de reporter l’examen de ces deux textes» qui «seront examinés en même temps», a-t-il précisé.
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