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Agile malgré les années, Ziad Altgmieh enjambe le bastingage de son embarcation de bois, arrimée au banc de sable près du petit port de pêche de Tartous, à 170 km de Damas. Il se courbe pour avancer dans la cale sombre, se faufile entre les paniers d’osier où s’enchevêtrent des lignes de nylon, avant d’atteindre l’arrière de son esquif, d’où il scrute l’horizon. Le ciel est clair, mais le vent d’est creuse les flots et fait claquer le pavillon hissé aux couleurs de la révolution. «Rien ne sert de sortir, la pêche sera mauvaise», avait-il déjà prévenu quelques heures plus tôt. Au loin, une silhouette étrange, fantomatique, glisse lentement vers le port industriel de la ville : Bachar al-Assad a quitté la Syrie, mais les navires russes poursuivent leur va-et-vient silencieux le long des côtes du pays. «Eux et le régime ont fait agoniser notre métier», soupire le vieux pêcheur. Dans son regard délavé flotte une tristesse insondable. «Moi-même, cela fait tellement de temps que je n’ai pas mangé de poisson…»
Le long des côtes de basalte noir, abritées du continent par une chaîne de montagnes fertiles, la ville de Tartous et ses voisines – Banias, Rouad, Lattaquié – voient chaque jour près de 900 pêch
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