«La Chute du ciel», aux Yanomami, l’Amazonie reconnaissante

«La Chute du ciel», aux Yanomami, l’Amazonie reconnaissante

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Ils avancent vers la caméra, par centaines, points indiscernables se mêlant aux ondes de chaleur, psalmodiant un hymne plein de hoquets, cris et sifflements. Au fur et à mesure qu’ils approchent, on identifie hommes, femmes, enfants, chiens. Certains sont armés d’arcs et de flèches, quelques-uns ont des fusils cassés sur l’épaule. Bientôt, ils envahissent l’écran et leur chant devient assourdissant. Cette déferlante de fin des temps, ce sont les Yanomami qui rentrent de la chasse. Une des dernières tribus amazoniennes restées dans son jus, existence rudimentaire et rites ancestraux, trempant abondamment dans le chamanisme et introduite par ce plan fixe étourdissant, long d’une dizaine de minutes.

Documentaire inconfortable et volontiers hallucinatoire, la Chute du ciel est, on le comprend tout de suite, à des années-lumière des sirops expiatoires pour Occidentaux en mal de séances de flagellation postcoloniale (en substance : «Regardez-les délestés de nos préoccupations futiles, ils n’ont rien mais ils donnent tout»). Sur le papier, la forme est pourtant semblable : le film avance au rythme d’un quotidien mi-laborieux mi-festif, fait de confection de compotes de bananes, de transes épuisantes où, recouverts de plumes, les hommes dialoguent avec les esprits après avoir prisé de la poudre, et de la menace oppressante de l’homme blanc, qui lui aussi avance, dans l’ombre, faisant main basse sur les tribus et villages de la forêt amazonienne pour en exploiter les ter

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