Gaëtan Bruel, directeur de cabinet de Rachida Dati, nommé président du CNC

Une nomination attendue dans le cinéma. Le directeur de cabinet de Rachida Dati, Gaëtan Bruel, a été nommé ce mercredi 5 janvier à la présidence du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Le successeur de Dominique Boutonnat, qui a démissionné en juin 2024 après avoir été condamné à trois ans de prison pour avoir agressé sexuellement son filleul, «prendra ses fonctions lundi 17 février 2025» pour trois ans, a précisé le ministère dans son communiqué.

Le fauteuil stratégique de président du CNC, qui mène les politiques publiques dans les domaines du cinéma, de l’audiovisuel, mais aussi du jeu vidéo était par intérim occupé par le directeur général délégué, Olivier Henrard. «Le CNC doit continuer à renforcer l’excellence et la compétitivité [du secteur] dans un environnement international en profonde mutation, marqué par des enjeux numériques et l’essor de l’intelligence artificielle», souligne le ministère.

La ministre souhaite également qu’il veille à «la liberté de création» et «l’ancrage territorial» de ses politiques, conduise «une stratégie plus offensive à l’export» et veille «à la relance des dispositifs d’éducation à l’image, aujourd’hui fragilisés». La lutte contre les violences sexuelles reste une priorité. Parmi les multiples dossiers qui attendent Gaëtan Bruel : la menace de Canal +, premier financeur du cinéma français, d’abaisser ses investissements face à la montée en puissance de son rival Disney + dans le système de production français.

Le profil de Gaëtan Bruel diffère du pedigree «disruptif» de son prédécesseur, Dominique Boutonnat, producteur de profession venu du monde des assurances, froidement accueilli par le secteur lors de sa nomination en 2019 car perçu comme apôtre de la libéralisation du système de financement du cinéma, et sa dilution dans l’audiovisuel. Le président de la République, sur proposition de Rachida Dati, a choisi de remettre les clés de l’institution pour trois ans à un très jeune haut fonctionnaire de 36 ans au CV déjà très garni, rarement resté au même poste très longtemps.

Né en 1988, Gaëtan Bruel était le directeur de cabinet de la ministre de la Culture depuis janvier 2024. Il était auparavant directeur adjoint de cabinet du ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse auprès de Gabriel Attal, après une expérience comme conseiller du ministre de la Défense entre 2016 et 2019. Inspiré par l’expérience du développement de la série le Bureau des légendes, qui a nécessité d’ouvrir les portes de la DGSE aux scénaristes, il est alors à l’origine de la création d’une mission cinéma des armées, qui favorise les liens entre le monde militaire et les professionnels du secteur pour «promouvoir les projets liés aux thématiques militaires». Gaëtan Bruel est également passé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de Jean-Yves le Drian, avec «l’intégration des industries créatives au sein de notre diplomatie économique» pour prisme.

La «vision internationale» serait l’un des arguments majeurs de sa nomination, puisque le normalien a dirigé les services culturels de l’ambassade de France aux Etats-Unis, où il s’est penché sur des dossiers liés au cinéma et à l’audiovisuel, installant à Hollywood une cellule chargée de promouvoir l’attractivité audiovisuelle de la France. En 2021, il dirige la Villa Albertine de New York, dispositif de résidence d’artistes déployé dans une cinquantaine de villes à travers les Etats-Unis.

Il aura à sa charge une institution unique au monde, qui a la haute main sur les multiples dispositifs d’aide au secteur, le réglemente et brasse près de 700 millions d’euros de ressources annuelles. Le CNC joue le rôle de garant de «l’exception culturelle» française : ces fonds, en grande partie issus d’une taxe sur les billets de cinéma, visent à maintenir une production nationale dynamique.