Gaza : face au projet délirant de Trump, des obstacles bien réels

Gaza : face au projet délirant de Trump, des obstacles bien réels

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Les projets de Donald Trump, qui a trompetté son projet de «prendre possession» de la bande de Gaza en déplaçant les deux millions de Palestiniens qui y vivent ont soulevé une avalanche d’indignation internationale. Ces propos s’inscrivent dans la droite ligne de ses idées d’annexer le canal de Panama ou le Groenland, de faire du Canada le 51e Etat américain, ou d’envoyer les «criminels endurcis» américains au Salvador. Mais sa proposition pour Gaza bute sur une multitude d’obstacles.

«Le droit international est très clair, fait valoir mercredi, dans un communiqué, Volker Türk, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme : «Tout transfert forcé ou expulsion de personnes depuis un territoire occupé est strictement prohibé […] Le droit à l’autodétermination est un principe fondamental du droit international et doit être protégé par tous les Etats». Avec ses annonces, Donald Trump brise plusieurs tabous du droit international hérité de l’après-guerre. Les Etats-Unis ne pourraient prendre le contrôle de Gaza qu’avec le consentement d’Israël, qui «ne peut pas céder Gaza aux Etats-Unis», note Tamer Morris, spécialiste de droit international à l’université de Sydney, en Australie. Même «un gouvernement comme l’Autorité palestinienne ne peut pas donner ce consentement au nom d’un peuple» qui a «le droit de disposer» de lui-même, ajoute-t-il sur le site The Conversation. Le discours en lui-même est selon lui dangereux. «La manière désinvolte dont Trump discute de choses telles que la prise de contrôle d’un territoire, et le déplacement d’une population, donne l’impression que ces règles peuvent facilement être enfreintes.»

Ce projet fait également peu de cas de l’attachement des Palestiniens à leur terre, dont a témoigné le retour vers le nord de la bande de Gaza, juste après le cessez-le-feu, d’un demi-million de personnes déplacées par la guerre entre Israël et le Hamas. «Nous luttons contre les déplacements depuis 1948, l’année de la création d’Israël. Nous refusons d’être expulsés de notre terre. C’est notre terre», a déclaré mercredi Ahmed al-Minawi, 24 ans, de retour à Gaza City. «Je suis Gazaoui, mon père et mon grand-père sont originaires d’ici […] Nous n’avons qu’une seule option : vivre ou mourir ici», a ajouté Ahmed Halasa, un habitant de la même ville âgé de 41 ans. Et ce même si la zone est réduite en poussière. L’ambassadeur palestinien aux Nations unies, Riyad Mansour, l’a d’ailleurs martelé mardi : «notre patrie est notre patrie». Avant de prendre Donald Trump à son propre piège : «Pour ceux qui veulent envoyer [les Palestiniens] dans un endroit heureux et agréable, laissez-les retourner dans leurs foyers d’origine en Israël, il y a de beaux endroits là-bas.»

Contrairement à ce que laisse entendre Donald Trump, les Etats arabes s’opposent fermement au projet. Les ministres des Affaires étrangères d’Egypte, de Jordanie, des Emirats arabes unis, d’Arabie saoudite et du Qatar ont rejeté toute «atteinte aux droits inaliénables» des Palestiniens. Le Caire a renchéri en appelant à une reconstruction rapide de Gaza, sans déplacement de ses habitants. Signe d’une inquiétude réelle, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’est lui rendu dès mercredi en Jordanie pour rencontrer le roi Abdallah II, selon son entourage. La même levée de boucliers est prévisible au sein des opinions publiques. «Attendez-vous à ce que les réactions passent de la confusion à l’indignation, y compris avec des manifestations à travers le Moyen-Orient et au-delà dans les prochains jours», avertit Emily Harding, du Center for Strategic and International Studies, un think-tank de recherche sur les questions internationales basé à Washington.

Mercredi, la classe politique israélienne restait prudente, à l’exception des soutiens de Benyamin Nétanyahou. «L’extrême droite est extatique, elle jubile», constate David Khalfa, auteur de l’ouvrage Israël-Palestine, année Zéro. «Les éléments les plus modérés du Parlement félicitent Trump mais émettent des doutes sur la faisabilité de son plan», note-t-il. Quant au chef de l’opposition Yaïr Lapid, il «dit en substance que les Israéliens ne peuvent pas se contenter d’attendre que les Américains proposent des plans de sortie de crise». Ce qui signifie, selon le chercheur, «qu’il estime que le plan Trump n’est pas réaliste, voire contre-productif». «Trump est fondamentalement un homme d’affaires», conclut-il, jugeant possible qu’il conçoive cette idée «comme un moyen de faire entrer dans la danse tous les acteurs de la région, pour sortir du face-à-face Israël-Palestine, voué à la répétition de la même tragédie».

Les bourbiers historiques dans lesquels les Etats-Unis se sont successivement enfoncés au Vietnam, en Afghanistan et en Irak sont profondément ancrés dans la mémoire américaine. Or, le projet lancé mardi par Donald Trump supposerait d’envoyer des soldats américains à Gaza pour en «prendre possession». Soit une entorse à ses promesses de campagne de ne plus s’impliquer dans un conflit hors des frontières des USA. Certes très affaibli par quinze mois de guerre, le Hamas n’est pas éradiqué. Avec son allié, le Jihad islamique, ils peuvent entretenir une guérilla violente face à laquelle aucune puissance n’a jamais gagné depuis la Seconde Guerre mondiale.

Libération

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