Elle n’avait que 17 ans. Son ex-petit ami, qui est suspecté de l’avoir tué, est âgé de cinq ans de plus qu’elle. Cet homme, déjà connu des services de police, a été interpellé dimanche, à Paris, vers 17h50, alors qu’il arrivait à la gare Saint-Lazare. Un peu plus tôt, dans la journée, le corps de la victime a été découvert à son domicile, à Rouen, par le frère du suspect.
Après l’avoir poignardé à plusieurs reprises, il a pris la fuite en direction de la capitale où il aurait voulu embarquer dans un avion, à Orly, en direction de l’Algérie, a indiqué le parquet dans un communiqué. Le suspect a été placé en garde à vue par les enquêteurs de la police judiciaire de Rouen, chargés des investigations. Les fonctionnaires tenteront de comprendre le mobile du crime et d’établir le déroulement des faits.
Un quart des adolescentes en couple touchées
« Les violences dans les relations amoureuses chez les jeunes, ça existe, même si ce n’est pas une nouveauté », explique à 20 Minutes Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire des violences envers les femmes de la Seine-Saint-Denis. Les chiffres aussi le confirment. Selon une étude de l’OMS publié en juillet dernier dans la revue The Lancet Child & Adolescent Health, « près d’un quart des adolescentes en couple – soit près de 19 millions d’adolescentes – auront été victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire intime avant l’âge de 20 ans ».
En France, un tiers des femmes qui ont déclaré avoir été victimes de violences de la part d’un conjoint ou d’un ex-conjoint entre 2011 et 2018 étaient âgées de 18 à 29 ans, selon le rapport « Cadre de vie et sécurité » du ministère de l’Intérieur, publié en 2019. « Chez les jeunes, c’est beaucoup des violences psychologiques. On constate des phénomènes de jalousie, la volonté d’avoir l’autre sous contrôle – l’amour possession –, ce qui est plus facile aujourd’hui avec les réseaux sociaux. Mais on a aussi connu des filles qui ont été brûlées. Donc on voit bien que ça peut aller vers le pire », poursuit Ernestine Ronai.
Violence psychologique
Il y a trois ans, Capucine, une étudiante nantaise, avait raconté à 20 Minutes le calvaire que lui avait fait subir son ex-petit ami lorsqu’elle n’avait que 15 ans. « Le week-end, chez mes parents, il était très gentil avec eux mais c’était différent dès qu’on était tous les deux. Après l’emprise psychologique sont arrivées les violences physiques. Il m’empêchait de dormir, me poussait du lit, déchirait mes fiches de révision… Une fois, en vacances, il m’a jeté une chaussure au visage pour une histoire de photos. Il me forçait aussi à avoir des rapports sexuels. Je refusais, il s’en moquait. »
Pour Ernestine Ronai, il est important de faire de la prévention auprès des jeunes. L’Observatoire des violences envers les femmes de la Seine-Saint-Denis a développé plusieurs outils les aider à faire le point sur leur relation, notamment le violentomètre. « Sur cette règle, ils peuvent regarder s’ils sont dans des relations respectueuses, des relations qui commencent à être dangereuses ou des relations vraiment dangereuses. » Difficile, à cet âge de la vie, de reconnaître qu’on subit de la « violence psychologique » de la part de son grand amour.
« Il est important aussi de permettre aux jeunes de révéler les violences que subissent ou qu’ils ont subi notamment la violence conjugale chez leurs parents. Cela peut avoir des conséquences graves sur les enfants dont certains pourraient avoir tendance à reproduire ce type de violence observé à la maison. Il faut que cela s’arrête le plus tôt possible, ce qui suppose que l’on protège le plus tôt possible une mère victime de violences conjugales », conclut Ernestine Ronai qui souhaite la mise en place d’une « vraie politique nationale de prévention sur les violences dans les relations amoureuses ».
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