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«Je ne savais pas trop ce que je voulais au départ, sinon que ce devait être lié au musicalisme, ce mouvement pictural des années 1930 lancé par des peintres synesthètes [autour du Français Henry Valensi, ndlr]. Comme eux, j’établis un lien entre sons et couleurs, mais, pour ces peintres, le sens était inversé, puisqu’ils reproduisaient les sons sur leurs toiles. J’ai tenté de réinventer leur style pictural en créant des pochettes d’albums avec l’aide d’IA telles que Dall-E et Midjourney. J’ai imaginé un artiste de leur époque, mais vivant aujourd’hui et créant avec les outils d’aujourd’hui une œuvre comme la Symphonie en jaune ou la Symphonie verte d’Henry Valensi.»
«Malgré de nombreux essais, je n’étais pas satisfaite du résultat et j’ai fini par appeler Sachi et Laurent Chevrier, le duo de graphistes qui a réalisé la pochette de mon premier album, Unica. Ils travaillent en même temps sur la typographie et le visuel. Ils partent de photos, mais cela reste du graphisme. Je leur ai demandé comment interpréter de manière moderne le musicalisme et ils m’ont proposé le pixel sorting, une technique qui fait que les pixels sortent de la réalité et semblent couler de la photo. Dès leurs premières ébauches, j’ai vu le musicalisme, la peinture, et des pixels qui s’écoulent comme de la peinture qui s’écoulerait sur une toile. Sauf qu’évidemment, c’était très numérique et glitché. Le concept était là.»
«Il restait à choisir l’image à transformer. J’ai eu envie d’essayer avec mon visage. Contrairement à mes pochettes précédentes, j’ai eu envie de regarder droit devant moi : il arrive un moment où l’on est sûre de soi, où l’on maîtrise son discours, son art… et la volonté de faire front. J’avais une photo de moi signée Dominique Dingot, avec qui je travaille aussi depuis des années. Je l’ai soumise aux graphistes. Je voulais retrouver l’ambivalence de ma musique, qui est une communication entre la technologie, ma voix et mes émotions. Sachi et Laurent Chevrier ont décidé de n’appliquer le pixel sorting que sur une moitié de mon visage. L’image finale est ainsi à moitié naturelle, à moitié déformée et déphasée pour devenir une sorte de peinture numérique.»
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