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A chaque jour sa scène lunaire à Washington, avec cette fois une photo qui va sans doute faire date. Elon Musk est apparu mardi 11 février dans le Bureau ovale de la Maison blanche, son petit garçon sur les épaules, debout aux côtés de Donald Trump dans le Saint des saints du pouvoir exécutif américain. L’homme le plus riche du monde s’est ensuite lancé dans une tirade décousue, en admettant notamment qu’il fera des «erreurs», qu’il diffusera des informations «fausses» mais qu’il sauvera l’Amérique de la «faillite».
Donald Trump, passé maître dans l’art du rebondissement médiatique, a sans doute savouré la stupéfaction des journalistes mardi après-midi. Convoqués pour le voir signer des décrets, ces derniers sont tombés nez à nez avec le multimilliardaire et bras droit du président, tout de noir vêtu, un pendentif orné d’une fusée autour du cou et coiffé d’une casquette noire avec le slogan «Make America Great Again».
Depuis l’investiture de Donald Trump le 20 janvier, Elon Musk a pris d’assaut le gouvernement fédéral, suscitant une rafale de recours en justice et de critiques. Il s’en est expliqué mardi pendant une session de questions-réponses étonnante. Le patron de Tesla et SpaceX, propriétaire du réseau social X, s’est lancé dans une explication, parfois assez technique, de l’action de sa commission extragouvernementale «Doge», chargée de tailler dans la dépense publique. «Nous avons un déficit de 2 000 milliards de dollars et si nous ne faisons pas quelque chose sur ce déficit, le pays ira vers la faillite», a-t-il affirmé. Les Américains «ont voté pour une réforme majeure du gouvernement, et c’est ce qu’ils vont avoir».
De temps en temps, Elon Musk s’est interrompu pour essayer de distraire «X», le fils qu’il a eu avec la musicienne Grimes et que Donald Trump décrit comme un enfant à «haut QI». Babillant par moments, juché sur les épaules de son père ou assis par terre, le garçonnet de 4 ans, de son nom complet «X Æ A-12», n’a pas semblé pas excessivement impressionné par les objectifs braqués sur lui. Il se grattait le nez ou jouait avec les oreilles de son père, qui a fini par le confier à une femme présente dans la salle pour qu’elle l’accompagne au-dehors.
Elon Musk a été interrogé sur les critiques de l’opposition démocrate, qui lui reproche de mener un braquage illégal de l’Etat fédéral, ou sur les risques de conflits d’intérêts, lui qui a de très gros contrats avec le gouvernement. Le multimilliardaire ne s’est pas offusqué. Mais plaisantant avec lourdeur sur l’attention dont Doge est l’objet, il a dit subir l’équivalent d’un «examen de proctologie chaque jour».
Il a aussi assuré que son action, qui se déroule dans un cadre légal incertain, est d’une «transparence maximale» et a assumé d’appliquer à la réforme du gouvernement les méthodes musclées dont il est adepte pour ses entreprises. «Nous allons vite, donc nous ferons des erreurs, mais nous corrigerons ces erreurs rapidement», a-t-il lancé.
Calé derrière son bureau, Donald Trump a suivi la prestation de l’entrepreneur avec un air impassible. La mise en scène se voulait-elle une réponse à la dernière couverture du magazine Time, qui présentait Elon Musk trônant derrière le même bureau ? Il est clair en tout cas que celui qui est parfois surnommé «president Musk» par ses détracteurs a joué la partition de protégé de Trump, lors de son intervention d’une quinzaine de minutes.
Pendant ce temps, le chef d’Etat de 78 ans a fait quelques commentaires sur les «fraudes», selon lui massives, dans les dépenses publiques mais pour l’essentiel, il a cédé ostensiblement le devant de la scène à Elon Musk. Ce dernier a été interrogé par une journaliste sur une fausse information qu’il avait propagée, concernant un prétendu envoi massif de préservatifs financés par les Etats-Unis dans la bande de Gaza. Mais l’homme le plus riche du monde ne s’est pas démonté : «Certaines des choses que je vais dire seront fausses et devraient être corrigées», a lancé le propriétaire de X, beaucoup plus policé que sur son réseau, où il bombarde ses 217 millions d’abonnés de messages au ton souvent agressif.
La «transparence» promise a toutefois ses limites. Chose extraordinaire, aucun journaliste de la grande agence de presse AP n’a été admis dans le Bureau ovale pour cette conférence de presse. Véritable institution de la presse américaine, AP a expliqué avoir été privée d’accès parce qu’elle refuse d’écrire «Golfe d’Amérique» au lieu de «Golfe du Mexique», comme le réclame Donald Trump.
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