Emile de Girardin, homme de prouesses

Adeline Wrona, professeur à la Sorbonne, signe la biographie d’un personnage énigmatique mais visionnaire : Emile de Girardin. Si son nom est oublié, les lecteurs de journaux lui doivent tout car il a inventé le quotidien moderne. Cela en un temps où le journal se diffusait par abonnement et où il fallait être fortuné pour en assumer la dépense. Le 1er juillet 1836, Girardin sort son chef-d’œuvre, la Presse, et ses confrères lui voueront une rancune sans égale, car il divise le prix de l’abonnement de moitié et déstabilise l’économie des médias. Il attaquera aussi la librairie peu florissante en imposant le roman-feuilleton (Honoré de Balzac, Victor Hugo, Eugène Sue). Et, coup de génie, il gagne de l’argent en revendant une seconde fois son journal aux annonceurs qui entrent ainsi dans l’ère de la publicité moderne. Girardin, c’est la révolution permanente dans la communication médiatique, ce qu’Alain Vaillant et le regretté Dominique Kalifa ont défini naguère comme l’entrée dans la «civilisation du journal» (Nouveau Monde Editions, 2011).

Nourri d’archives inédites et issu d’un programme de recherche qu’Adeline Wrona anime depuis