«Crypto-scandale», «arnaque mondiale»… Javier Milei visé par des accusations d’escroquerie

«Crypto-scandale», «arnaque mondiale»… Javier Milei visé par des accusations d’escroquerie

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Des accusations «d’escroc», des appels à une commission d’enquête, voire à un procès. Le président argentin, Javier Milei affronte un épisode potentiellement délicat de sa présidence, après avoir fait vendredi la promotion d’une cryptomonnaie qui s’est ensuite effondrée.

Après vingt-quatre heures de vives réactions à ce que la presse a déjà qualifié de «crypto-scandale», la présidence a annoncé samedi 15 février au soir saisir le Bureau anti-corruption pour identifier une éventuelle «conduite inappropriée d’un membre du gouvernement, y compris le président». Tout en assurant que Javier Milei «n’a en aucun cas participé au développement» de la cryptomonnaie en question, la présidence a aussi annoncé «une enquête urgente sur le lancement de la cryptomonnaie $LIBRA, et toutes les sociétés ou personnes impliquées» par une unité d’enquête placée «dans l’orbite de la présidence».

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Au pouvoir depuis quatorze mois, Javier Milei, toujours hyperactif sur les réseaux sociaux, avait publié vendredi soir sur X un message saluant «un projet privé» dédié à «stimuler la croissance de l’économie argentine, en finançant les petites entreprises et les entrepreneurs argentins». Un lien dans le message menait au projet «vivalalibertadproject.com», reprenant un slogan fétiche de l’ultralibéral Milei : «Viva la libertad, carajo !» (Vive la liberté, bordel !). «Le monde veut investir en Argentine. $LIBRA», concluait le tweet en nommant la cryptomonnaie, basée sur la technologie blockchain, qui n’est pas adossée à de l’argent réel.

Quelques heures plus tard, Milei supprimait le message initial, expliquant en une nouvelle publication : «Je ne connaissais pas les détails du projet et après en avoir pris connaissance, j’ai décidé de ne pas continuer à le diffuser». Il assurait n’avoir «évidemment aucun lien» avec la «présumée entreprise privée».

Très vite les critiques ont fusé, d’économistes et spécialistes de l’univers des cryptomonnaies en Argentine, et d’opposants, soulignant que la $LIBRA pourrait n’être qu’une escroquerie ou une pyramide de Ponzi. «Le président vient de lancer publiquement une arnaque mondiale», a ainsi écrit sur X Javier Smaldone, informaticien et influenceur connu pour sa dénonciation d’arnaques pyramidales. Selon lui, l’ensemble de l’opération concernant la $LIBRA a duré «environ deux heures», déplaçant un volume approximatif de 4,4 milliards de dollars.

Selon The Kobeissi Letter, publication de référence sur les marchés financiers mondiaux, autour de 80 % des actifs $LIBRA étaient dans les mains d’un petit groupe d’initiés avant l’appui exprimé par Milei. Après quoi, la valeur de la cryptomonnaie a bondi, passant de quelques dixièmes de dollars à un pic de 4 978 dollars américains (environ 4740 euros). «Plus de 50 000 portefeuilles sont devenus détenteurs de $LIBRA» en quelques heures, précise The Kobeissi Letter sur X.

Puis les détenteurs initiaux ont commencé à vendre, engrangeant des millions, avant que la valeur ne s’effondre. «Jusqu’à présent, il a été découvert que le montant qui a été pris s’élève à environ 107 millions de dollars. Peut-être davantage», a indiqué Smaldone à l’AFP.

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Samedi, l’opposition est farouchement montée au créneau, en première ligne l’ex-présidente (2007-2015) et toujours cheffe de file de l’opposition péroniste (centre gauche) Cristina Kirchner, qui a qualifié Milei de «crypto-arnaqueur» agissant comme «l’hameçon d’une arnaque numérique». «C’est ça ta liberté de marché… celle du casino. Ton masque est tombé», a-t-elle ajouté sur X.

Le groupe Union pour la Patrie (péroniste) à la Chambre des députés a annoncé qu’il présenterait lundi «une demande de procès politique» contre Milei, c’est-à-dire une procédure en vue d’une destitution éventuelle.

Libération

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