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Chronique «Interzone»
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Alors que le film de Jacques Audiard «Emilia Pérez» représente la France à l’oscar du meilleur film international, le philosophe et réalisateur démontre pourquoi l’engouement pour cette œuvre tue le mouvement trans, une seconde fois.
Il n’est pas dans mes attributions de commenter les nouvelles sorties de films, sauf lorsque l’industrie cinématographique plante sa caméra sur un cadavre trans. Car lorsqu’il s’agit de nos morts, faire du cinéma, c’est faire de la politique. Et il y a besoin de deuil et devoir de rage. Et donc, je vais parler d’Emilia Pérez, car je veux, il le faut, sauver Emilia de la violence du regard binaire au cinéma. Je voudrais vous expliquer pourquoi les films qui vous amusent nous tuent. Et comment changer cette politique visuelle de la violence.
Tout en se présentant comme un film super moderne à voltiges d’inventions narratives, Emilia Pérez, lorsqu’on connaît l’histoire des représentations des trans, est un palimpseste de ruines sémiotiques coloniales et binaires aussi prévisible qu’anachronique. Se pliant aux exigences d’un canon narratif hégémonique mille fois contesté par les collectifs et les personnes trans et racisées elles-mêmes, Emilia Pérez perpétue une vision psychopathologique de la transition du genre qui repose sur quatre tropes : la criminalisation, l’exotisation ethnographique, la représentation médico-chirurgicale de la transition de genre et la mise à mort. Ici pas besoin d’alerter d’un spoiler. Tous les films normatifs sur les trans finissen
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