A l’Institut du monde arabe, le gratin littéraire français et international réuni en soutien de Boualem Sansal

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Est-il politique ou pas, l’emprisonnement arbitraire de l’écrivain Boualem Sansal en Algérie ? Et sa défense, relève-t-elle de la politique ou seulement d’une déclaration d’amour aux mots ? Tels furent les axes autour desquels tournaient les interventions des nombreux écrivains rassemblés mardi 18 février pour une soirée en soutien à Boualem Sansal, organisée par les éditions Gallimard et l’Institut du monde arabe (IMA), et dont Libération était partenaire. Il y avait des Français (Daniel Pennac, Hervé Le Tellier, Nathalie Azoulai… ) et des étrangers (Arundhati Roy, Jonathan Coe, Roberto Saviano…). Les auteurs physiquement absents avaient envoyé des messages, lus par les uns et les autres. Non, «ce n’est pas une soirée politique» a d’emblée prévenu le journaliste François Busnel, en ouvrant l’événement : «Vous allez me dire, “tout est politique”. Oui, bon… Parlons de littérature et d’écrivains, de mots et de vocabulaire.»

Il ne faudrait pas heurter le pouvoir algérien en le désignant comme un adversaire, car il pourrait alors faire pire encore. Président de l’IMA, Jack Lang a creusé ce même sillon. Il a insisté, s’est répété afin qu’il n’y ait pas de méprise : «Ces lieux respirent la passion de la liberté […] Nous aimons l’Algérie, ses créateurs, ses écrivains, ses cinéastes […] Nous aimons l’Algérie, nous aimons son peuple, nous aimons la liberté.» Certes, mais Boualem Sansal est en prison pour les livres qu’il a écrits et les propos qu’il a tenus. Kamel Daoud a fait entendre un autre son de cloche : «J’ai l’art de l’impair, je m’excuse auprès de mon ami Lang […]» L’écrivain, prix Goncourt en 2024, a employé une belle et forte métaphore : «Etre écrivain et algérien en France, c’est incarner le corps du délire et des contradictions algériennes.» Le mot «délire» est revenu plusieurs fois dans son intervention. Daoud a souligné et prévenu que courber l’échine devant un pouvoir autoritaire n’est pas la meilleure stratégie : «Dans un avenir proche, Sansal triomphera, même s’il en meurt. Mais s’il meurt, la France atténuera son culte des Lumières […] Ici, on portera la marque au front, d’avoir choisi de s’expliquer, plutôt que d’incarner.»

A son tour, Hervé Le Tellier fit un sort aux atermoiements que manifestent certains à défendre la liberté de Boualem Sansal, parce qu’il l’aurait bien cherché et que quelques-uns, parmi ceux qui le soutiennent, ne nous plaisent pas, politiquement. Philippe Lançon (journaliste à Libération) relève également ces postures, ces réserves hypocrites et dangereuses : «Aurait-il dû dire patati, et pas dire patata ?» Daniel Pennac aimerait avoir l’occasion d’adresser «une parole amicale» au président algérien Tebboune : «Pour l’amour de l’intelligence et de la douceur humaines, monsieur le Président, rendez sa liberté à Boualem Sansal, et tant que vous y êtes, rendez-lui l’Algérie. Si vous ne savez pas trop quelle Algérie, parlez une heure avec lui, une petite heure seulement, elle suffira.» Et c’est ainsi que les précautions initiales qui mettaient la politique à distance se sont peu à peu effacées. Florence Aubenas, qui fut retenue en otage en Irak, a qualifié l’écrivain algérien d’«otage» et décrit la peur qu’il doit ressentir à chaque fois que la porte de sa cellule s’ouvre : vient-on le tuer ? Le nourrir ? Le libérer ? Le plus direct fut Sylvain Tesson : «Sansal a mis un mot sur l’adversaire. Est-ce que nous ne commettons pas le crime de ne pas avoir le courage de nommer les choses, pour des raisons de tripatouillage électoral, de mauvaise honte politique […] ou bien de conventions médiatiques ? Sansal a nommé l’islamisme, l’islam dévoyé.»

Libération

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