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«Ici, cela fait des années que nous avons adopté la poubelle verte», affirme avec enthousiasme une habitante de l’agglomération lorientaise, dans le Morbihan. Dès 2000, ici, les élus locaux ont décidé de mettre en place la collecte des biodéchets, anticipant de plus de vingt ans l’application de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) de 2020. Conformément à cette loi, les collectivités locales sont tenues depuis le 1er janvier 2024 de proposer une solution de tri à la source des déchets alimentaires, qui représentent un tiers de la poubelle d’ordures ménagères des Français, soit 83 kg par habitant et par an.
Mais selon l’Agence pour la transition écologique (Ademe), moins de 40 % des Français y avaient accès mi-2024. La liste des explications à ce démarrage poussif est longue : solutions inadaptées, communication a minima, absence de sanctions, manque de moyens financiers (le Fonds vert, qui vise à financer «la transition écologique dans les territoires», voit ses engagements réduits de moitié, à hauteur d’un peu plus d’un milliard d’euros, dans le budget de l’Etat 2025)…
A Lorient, rien de tel, tout roule ou presque. «Tout le monde est desservi par la collecte en porte à porte», se félicite Odile Robert, directrice du pôle prévention et valorisation des déchets de l’agglomération. Dans les 25 communes, qui comptent en tout quelque 211 000 habitants, une troisième poubelle trône à côté de celles des ordures ménagères et des déchets recyclables. Face à la nécessité de réduire ses déchets enfouis, la collectivité morbihannaise a vite fait son choix. Le déploiement de la collecte en porte-à-porte s’est fait à une vitesse éclair, entre 2002 et 2003. Les résultats sont probants, le geste de tri étant désormais ancré dans les mœurs. En 2023, l’agglomération a ainsi collecté plus de 7 500 tonnes de biodéchets : chaque année, entre 35 et 38 kilos par habitant sont récupérés puis compostés, le compost produit étant utilisé en agriculture locale.
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La collecte en porte-à-porte est «très efficace, mais demande beaucoup de moyens et de temps», avoue toutefois Odile Robert. Les élus se sont appuyés sur des moyens humains importants, pour distribuer des bio-seaux, expliquer le geste et répondre aux questions de la population. «Cette relation directe avec les usagers était assez inédite en termes d’accompagnement. Le porte-à-porte améliore la qualité du geste de tri et cela a certainement fait notre succès», analyse Sylvain Sabatier, responsable prévention des déchets à Lorient agglomération.
Celle-ci a par ailleurs multiplié les actions de sensibilisation : mots dans les boîtes aux lettres, ateliers pédagogiques ou animations avec distribution gratuite de compost. «Expliquer comment la collecte est valorisée permet de donner du sens au geste», affirme Vincent Gadonna, responsable valorisation et qualité à Lorient agglomération. «Il faut toujours soutenir ce geste de tri», appuie Odile Robert.
Si la collectivité affiche aujourd’hui des taux de collecte exemplaires, cela n’a pas toujours été aussi simple. Lors du lancement du dispositif en 2003, l’agglomération enregistre de fortes chaleurs, liées à la canicule. «Les habitants se sont plaints parce que cela attirait des moucherons et dégageait de mauvaises odeurs», se remémore Odile Robert. Ni une ni deux, l’agglomération réalise quelques ajustements. Les bio-seaux fermés sont devenus ajourés et des sacs compostables ont été distribués. «On a également réduit la taille du bac pour qu’il soit plus facile à nettoyer et on a augmenté la fréquence de ramassage des biodéchets», ajoute la directrice du pôle déchets de l’agglomération. Depuis 2010, cette dernière a réduit de 25 % le poids des poubelles d’ordures ménagères, qui représentaient encore toutefois 150 kilos de déchets par habitant en 2023.
La collectivité ne compte donc pas s’arrêter en si bon chemin. Le territoire breton teste actuellement des points d’apport volontaires, pour remplacer le bac vert dans les locaux poubelles trop exigus. Cette solution devrait aussi se déployer dans l’hypercentre de Lorient, où la densité de population est importante. «S’adapter et réfléchir constamment, c’est la clé de la réussite. On est toujours en train de s’améliorer», résume Odile Robert. Désormais, les précurseurs partagent leurs expériences. Lorient agglomération est notamment membre de Compost +, un réseau national qui rassemble des collectivités engagées dans la collecte des biodéchets. Le but ? «Promouvoir le tri et montrer qu’il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas», affirme Odile Robert.
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