Procès Le Scouarnec : derrière la blouse blanche, la plus grande affaire pédocriminelle de France

C’est une maison toute simple dans le centre-ville de Jonzac (Charente-Maritime), une maison dont la façade en crépi gris percée d’étroites fenêtres a des allures de muraille. La première fois que les enquêteurs y sont entrés en mai 2017 (voir chronologie en fin d’article), ils ont été saisis par l’odeur de renfermé. Joël Le Scouarnec, chirurgien retraité, y vivait avec les volets fermés. Juste avant leur arrivée, il avait caché à la va-vite de nombreuses poupées affublées de menottes ou de sexes en silicone, des godemichés et des perruques. Et sous son matelas, du matériel numérique : quelque 30 000 vidéos et photos pédopornographiques rangées par thèmes – zoophilie, scatologie ou enfants nus. Ainsi a commencé «l’affaire Le Scouarnec», par cette perquisition de l’autre côté de la muraille, par la découverte d’un monde criminel enfoui. Les enquêteurs qui ont sonné à la porte du septuagénaire – car sa voisine de 6 ans l’accusait d’abus sexuels – ne se doutaient pas qu’ils allaient mettre au jour ce qui est désormais la plus grande affaire de pédophilie française.

L’ex-chirurgien dans plusieurs hôpitaux est soupçonné d’avoir, entre 1986 et 2017, fait 299 victimes (158 garçons et 141 filles), dont la plupart étaient âgées de moins de 15 ans. Il aurait profité de la vulnérabilité de ses jeunes patients, souvent sé