Mort du chanteur Jerry Butler, fortes Impressions

«Vous savez, j’ai bien vécu. Ma femme dirait probablement que j’aurais pu vivre mieux. J’ai gagné plus que ce à quoi je m’attendais, mais pas autant que je le méritais.» Cette sentence, prononcée en conclusion d’un long article qui lui était consacré en avril 2011 dans le Chicago Reader résume parfaitement l’état d’esprit de Jerry Butler, mort le 20 février. Un soul survivor, pour paraphraser le titre de ce même article qui revenait à grands renforts d’anecdotes sur la vie de ce chanteur incarnant parfaitement la surnommée «ville des vents». Même si ce fils de métayer était né le 8 décembre 1939 comme beaucoup des habitants de Chicago plus au sud, dans un bled du Mississippi.

En ce début 2011, le septuagénaire siégeait lors d’une session marathon au conseil d’administration du comté de Cook, le second le plus peuplé des Etats-Unis, où il fut élu de 1985 à 2018. Certes, il avait depuis un bail raccroché le micro pour mener une tout autre carrière, mais lors d’une pause au milieu de la nuit, un commissaire eut la bonne idée de mettre un peu de son – on est à Chicago tout de même –, et ce fut Jerry Butler que l’on retrouvait feulant un de ses meilleurs titres : Never Give You Up, une ballade taillée pour sa voix par la paire de hitmakers, Gamble & Huff.

Maintes fois reprise, aussi bien par le créateur de la go-go music Chuck Brown que par les orfèvres du folk rock Black Keys, samplée à tour de bras, cette chanson ramenait l’assistance en 1968, quan