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Sur le papier, la troisième journée du Tournoi des six nations 2025 semblait la plus déséquilibrée de toutes, les trois équipes visant le titre se trouvant opposées aux trois autres vouées à figurer dans la partie basse du classement final. La réalité allait s’avérer plus retorse, à défaut de parvenir à désavouer la logique sportive, du moins concernant les deux premières rencontres. Longtemps inquiétée par un Pays de Galles plongé dans les ténèbres depuis un an et demi, l’Irlande a fini par avoir le dernier mot, 27-18. De même qu’à domicile, l’Angleterre peut songer ériger une statue à l’Ecossais Finn Russell, dont le 0 pointé (sur trois tentatives de transformation d’essai) lui a permis de remporter une deuxième victoire consécutive d’un seul petit point (16-15), quinze jours après celle contre la France.
Tiens, justement, les Bleus, dont on se demandait comment ils allaient panser cette défaite aussi cruelle qu’aberrante à Twickenham, en se déplaçant à nouveau mais cette fois pour cibler une Italie qui, un an auparavant, l’avait ridiculisée en arrachant un (frustrant) match nul 13-13, à Lille. Direction Rome, donc, où l’objectif était bien de repartir de l’avant, avec un effectif remanié pour cause de bavure londonienne (Damian Penaud et Matthieu Jalibert, éjectés du groupe, payant les pots cassés pour tout le monde ou presque). Avec un taux de victoires au coup d’envoi de 92 % et cinq succès consécutifs lors des dernières virées transalpines, autant dire que les stats si chères au sélectionneur moustachu (au secours !) Fabien Galthié ne semblaient guère laisser de place au suspens. Qui, de fait, n’aura eu une existence que théorique, tant un gouffre séparait les deux équipes. 24-73, au coup de sifflet final.
«Le résultat est cool», a analysé à chaud l’ailier de Pau Théo Attissogbe et de fait, cet écart maous s’est traduit sur le terrain dans absolument tous les secteurs. Jusqu’à (même si dans l’immédiat, le propos las n’est pas trop là), questionner pour la énième fois la légitimité de l’Italie dans une épreuve où, depuis si longtemps, elle ne fait que boire la tasse. De questions, en revanche, les Blancs du jour ne s’en sont guère posés. Dans une rencontre à sens unique, ils ont fait la loi en permettant, pour schématiser, aux avants d’écraser tout sur leur passage en première mi-temps, pour permettre ensuite aux trois quarts de (se) régaler en faisant, de la sorte, inexorablement enfler un goal-average… dont on sait qu’en cas d’égalité au classement final, il permettra d’établir la hiérarchie définitive. Or, à 91 points positifs en trois rencontres (une défaite comprise), le XV tricolore atteint à ce stade de l’épreuve des sommets sans doute inégalés.
Engagée, dynamique, inspirée, (plutôt) rigoureuse, l’équipe de France a, à de menus ajustements près, rendu une copie si bonne qu’il en devient difficile de la noter – pas la moindre pénalité tentée, signifiant bien l’absence de crainte fondamentale qu’inspiraient de pauvres Italiens laminés physiquement autant que dépassés techniquement. Avec le bonus offensif (quatre essais inscrits au minimum) dans la poche dès la demi-heure de jeu, aucune inquiétude n’a eu le temps de se glisser sur le visage des joueurs qui, du côté des jeunes notamment, ont su saisir leur chance de flamber.
«Un match plein de plaisir» disputé «sans se poser de questions» : prononcés au micro de France 2, les mots de l’arrière parisien, Léo Barré, résumaient à quel point cet Italie-France fut un jeu d’enfants, incarné par des gamins autour de la vingtaine, tels Barré mais aussi les ailiers Théo Attisogbe et Louis Bielle-Biarrey ou le deuxième ligne Mickaël Guillard (un «vieux» de 24 ans), qui se sont hissés sans difficulté à la hauteur des cadres, Antoine Dupont, Peato Mauvaka ou Grégory Alldritt.
Tout sourire, le XV de France dispose désormais d’une petite semaine de répit avant de se pencher sur le deuxième choc sérieux du Tournoi. Sérieux et plus encore décisif puisque, comme on le supputait avant le début de la compétition, c’est bien le samedi 8 mars, à Dublin, que se jouera la finale, face à l’Irlande. Un match que le groupe de Fabien Galthié abordera cette fois dans la peau du challenger, car en déplacement sur la pelouse du tenant du titre (et actuel deuxième à l’échelle mondiale) qui, lui, n’a toujours pas trébuché cette année.
Un défi autrement crédible que ce Week-end à Rome – assurément plus facile à fredonner («Pour la douceur de vivre et pour le fun /Puisqu’on est jeunes, week-end rital /Retrouver le sourire, j’préfère te dire /J’ai failli perdre mon sang-froid», on connaît la chanson) – que la non moins patrimoniale Ballade irlandaise. Mais que l’excursion transalpine aura au moins permis d’envisager avec un capital confiance quasi restauré.
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