L’Ukraine, trois ans après l’invasion russe : le bilan vu par la presse anglo-saxonne

L’Ukraine, trois ans après l’invasion russe : le bilan vu par la presse anglo-saxonne

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Après une année supplémentaire de guerre acharnée sur le territoire ukrainien, Volodymyr Zelensky a salué ce lundi 24 février au matin “trois ans de résistance. Trois ans de gratitude. Trois ans d’héroïsme absolu des Ukrainiens” contre l’invasion russe. Alors qu’une sirène aérienne retentissait en fond, le président ukrainien a espéré publiquement que “cette année devrait être l’année du début d’une paix réelle et durable”, devant une vingtaine de dirigeants étrangers alliés réunis pour lui manifester leur soutien lors de ce funeste anniversaire.

Mais si la guerre pourrait bientôt prendre fin, Kiev est toujours sous pression. L’Ukraine, comme l’Europe, semble acculée par le rapprochement, précipité par l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, de la Russie et des Etats-Unis. Après trois années d’isolement imposées par l’Occident à la Russie, “un monde de nouvelles possibilités s’ouvre à Vladimir Poutine”, avance en premier lieu le journal américain le New York Times.

Ce que change l’arrivée de Donald Trump

Car si l’avenir de l’Ukraine est au cœur de l’agenda international, Kiev n’est pour l’instant pas conviée aux négociations qui se déroulent en ligne directe entre Donald Trump et Vladimir Poutine, qui doivent se rencontrer prochainement. Avec l’arrivée de Trump au pouvoir en janvier, “fini, les déclarations depuis la Maison-Blanche sur la nécessité de tenir tête aux tyrans, de défendre la démocratie contre l’autocratie et de garantir la victoire de la liberté”, remarque le quotidien.

Donald Trump a, d’une part, décidé que son interlocuteur privilégié pour régler le conflit serait le président russe et, d’autre part, assuré qu’il récupérerait le montant de l’aide fournie à l’Ukraine en obtenant un accès aux ressources minières ukrainiennes. Disparu également, le front uni de l’Europe et des Etats-Unis contre la Russie. “Beaucoup de ces pays se demandent désormais si la nouvelle administration américaine les protégera contre Moscou ou si elle maintiendra même des troupes en Europe”, poursuit le NYT.

Les garanties de sécurité de l’Europe au plus bas

“Peu de gens ont imaginé que la quatrième année de guerre de l’Ukraine remettrait si fermement en question la sécurité de toute l’Europe”, juge quant à elle la chaîne américaine CNN, pour qui l’inattendu fut le lot de cette dernière année d’affrontement. “Le cercle intérieur du Kremlin a surmonté un soulèvement […] et les drones ont modifié la guerre de façon permanente et rendu les entrepôts de chars presque inutiles”, cite-t-elle en exemple. Les garanties de sécurité de l’Europe s’amoindrissent drastiquement à mesure que Donald Trump critique les investissements américains dans la guerre contre la Russie. “L’Europe a pris les garanties de sécurité américaines comme une évidence pendant des décennies et se démène maintenant pour imaginer un monde sans elle tout en apparaissant fermement derrière l’Ukraine et en insistant pour que toute paix soit juste”, estime ainsi la télé américaine.

Pour marquer la date, l’Union européenne a imposé ce lundi un 16e train de sanctions contre la Russie “Chaque paquet de sanctions prive le Kremlin des fonds nécessaires pour mener cette guerre”, a assuré Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie de l’UE. Ces nouvelles sanctions ciblent notamment 73 nouveaux pétroliers “fantômes”, utilisés par la Russie pour contourner les sanctions déjà existantes destinées à limiter les exportations de pétrole russe et comprennent une interdiction d’importer de l’aluminium russe dans l’UE. Dans la foulée, l’UE a annoncé ce lundi que les dirigeants européens vont tenter de conclure un accord sur une nouvelle enveloppe militaire pour l’Ukraine lors d’un sommet spécial convoqué le 6 mars.

L’avenir politique de Volodymyr Zelensky menacé ?

Après trois ans à mobiliser sans relâche ses alliés, Volodymyr Zelensky, devenu symbole inspirant de la résistance démocratique, est désormais plombé par un effort de guerre en grande difficulté et par les critiques tranchantes de Donald Trump, qui il y a quelques jours encore remettait sa légitimité en question en le qualifiant de “dictateur sans élections”, accusant par la même occasion l’Ukraine d’avoir déclenché la guerre. “Le président ukrainien traverse ainsi la phase la plus périlleuse de son leadership”, estime le quotidien britannique le Financial Times ce lundi. Si l’avenir du pays repose toujours sur ses épaules “l’ancien acteur fait face à une mise en scène qu’il ne contrôle plus”, illustre le journal.

Lors du dernier sommet officiel avec les Etats-Unis, le président ukrainien s’est heurté à Scott Bessent, secrétaire au Trésor de Donald Trump, venu réclamer un retour sur investissement des Etats-Unis dans la guerre qui dévaste l’Ukraine et a tué en trois ans plus de 150 000 de ses citoyens. “Ce dernier exigeait que l’Ukraine cède 50 % de ses droits sur ses minerais stratégiques et terres rares en échange d’un remboursement de 500 milliards de dollars, montant arbitraire correspondant à l’aide militaire passée”, détaille le Financial Times. Après un refus catégorique de Zelensky de signer un accord qui n’inclut pas la poursuite de l’aide militaire et des garanties de sécurité, aucun accord n’avait encore été trouvé ce dimanche soir.

L’objectif de Vladimir Poutine “reste la capitulation de l’Ukraine”

Si les Etats-Unis négocient déjà leur rétribution, le Kremlin lui continue de bombarder. La Russie affirmait ce lundi matin avoir trouvé un accord avec l’Ukraine pour évacuer vers la Biélorussie des habitants de la région russe de Koursk, où les combats continuent de faire rage. Ce même jour, le chef de la diplomatie russe a prévenu que la Russie ne cessera les combats en Ukraine que lorsque “les négociations “aboutiront à un résultat ferme et durable qui conviendra à la Russie”. Après trois ans d’avancées et de recul, la Russie contrôle toujours près de 20 % du territoire ouest ukrainien. “La Russie perd entre 1 000 et 1 500 soldats par jour, selon certaines estimations” indique le New York Times. Et même si “la Russie a repris environ 4 000 kilomètres carrés de territoire ukrainien l’année dernière, mais n’a pas encore conquis l’ensemble des quatre régions qu’elle prétend avoir annexées en 2022”, rappelle le journal.

Après trente-six mois de conflit total, 18 % de l'Ukraine restent sous occupation russe.
Après trente-six mois de conflit total, 18 % de l’Ukraine restent sous occupation russe.

Malgré l’affaiblissement des forces de Moscou et une économie de guerre qui s’affaiblit en Russie (l’inflation a dépassé les 12 % en Russie, selon le Guardian), l’objectif de Vladimir Poutine “reste la capitulation de l’Ukraine” avertissait ce lundi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Et ce, négociations avec les Etats-Unis ou non. “Dans ses déclarations publiques, Trump a offert à la Russie des concessions importantes, déclarant que l’Ukraine ne rejoindrait pas l’Otan et acceptant que la Russie conserve au moins une partie des terres qu’elle a prises par la force. Or Vladimir Poutine respecte la force et considère les concessions comme un signe de faiblesse”, remarque dans son article d’analyse la BBC, chaîne publique britannique. Pour l’heure, Moscou ne bouge effectivement pas d’un pouce dans ses conditions de cessez-le-feu : la Russie réclame toujours une reddition de l’armée ukrainienne, que Kiev lui cède cinq régions entièrement ou partiellement occupées. Mais aussi son renoncement à rejoindre l’Otan et la mise en place de nouvelles autorités au nom d’une prétendue “dénazification” du pays.

L’Express

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