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L’ancien doyen d’une faculté de médecine du Rwanda a été mis en examen vendredi 28 février à Paris, soupçonné d’avoir participé au génocide des Tutsi en 1994, a-t-on appris samedi de sources proches de l’enquête. Le parquet national antiterroriste (Pnat) a confirmé qu’un homme «domicilié en France» a été mis en examen vendredi pour génocide, crimes contre l’humanité et entente en vue de la commission de ces crimes, puis placé sous contrôle judiciaire.
Il «est mis en cause pour sa participation présumée au génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, faits commis au sein de la préfecture de Butare», au sud du pays, selon le Pnat. Le parquet antiterroriste avait requis une assignation à résidence sous bracelet électronique. D’avril à juillet 1994, le génocide au Rwanda, orchestré par le régime extrémiste hutu, a fait selon l’ONU 800 000 morts, membres de la minorité tutsi ou hutu modérés.
Selon deux sources proches de l’enquête, la personne mise en examen est Alphonse K., né en 1951 et naturalisé français, qui était médecin et doyen de la faculté de médecine de Butare au printemps 1994. Il avait été placé en garde à vue mardi, dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte d’initiative par le Pnat, le 13 novembre 2024, confiée à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité (OCLCH), selon le Pnat. Il est poursuivi pour «son implication dans la facilitation du génocide, ou en tout cas son absence d’opposition à ces faits», selon une autre source proche de l’enquête.
«Si le Rwanda n’existait pas, le pôle crime contre l’humanité (du tribunal de Paris) serait au chômage», a réagi l’avocat d’Alphonse K., Me Marcel Ceccaldi. Selon lui, ce pôle se conduit «en agent exécutif zélé du régime rwandais» de l’actuel président Paul Kagame, qui menait la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR) à l’époque.
Selon une source proche du dossier, l’enquête a été ouverte après que le nom d’Alphonse K. est apparu lors de deux procès récents à Paris, dont celui d’Eugène Rwamucyo, médecin-enseignant à l’université de Butare, condamné à 27 ans de réclusion criminelle le 30 octobre 2024. Selon les deux sources proches de l’enquête, Alphonse K. est soupçonné d’avoir appelé à s’en prendre à la minorité tutsi lors d’une réunion le 14 mai 1994 à Butare, en présence de Jean Kambanda, Premier ministre du gouvernement intérimaire, institué après l’attentat contre l’avion du président hutu Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994.
Il aurait tenu un discours «tout aussi génocidaire» que celui de Kambanda, peut-on lire dans la motivation, accessible en ligne, du verdict de la cour d’assises de Paris ayant condamné, en décembre 2023, à 24 ans de réclusion criminelle Sosthène Munyemana, un autre ancien médecin rwandais. Selon l’une des sources proches de l’enquête, il existe une «retranscription» des propos d’Alphonse K., qu’il conteste avoir prononcés.
Il est également accusé d’avoir, au sein de l’hôpital de Butare, donné des instructions visant à «l’extermination ou la déportation» de patients, réfugiés ou membres du personnel tutsi, selon la même source. Arrivé en France en 2000, selon une autre source proche du dossier, il n’a pas été poursuivi par le Tribunal international pour le Rwanda (TPIR).
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