«Maman, le chirurgien m’a violée» : au procès Le Scouarnec, la petite fille qui n’a jamais été entendue

«Maman, le chirurgien m’a violée» : au procès Le Scouarnec, la petite fille qui n’a jamais été entendue

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Depuis la salle toute blanche où elle témoigne en visioconférence, une élégante dame de «bientôt 44 ans», dans son chemisier noir, regarde la photo qui s’affiche sur un autre écran. Elle regarde la petite fille disparue il y a longtemps. Elle avait 10 ans, des longs cheveux bruns et un sourire timide. Assise sur le canapé, elle se serrait tout contre sa mère. C’était en janvier 1992, quelques jours après son opération de l’appendicite à la clinique La Fontaine à Loches (Indre-et-Loire). Dans sa salle toute blanche, l’élégante dame rajuste ses lunettes en écailles de tortue, elle agrippe une feuille de notes et lance d’une voix déterminée à la cour criminelle : «J’ai beaucoup de choses à dire. Ça fait trente-trois ans que j’attends ce moment.» Depuis le 24 février, le pédocriminel Joël Le Scouarnec est jugé pour des agressions sexuelles et des viols sur 299 parties civiles. Orianne est la première d’entre elles à témoigner. Contrairement à beaucoup d’autres jeunes patients du chirurgien, elle garde une mémoire intacte de son hospitalisation. D’une voix émue, elle va entraîner la salle d’audience dans ses longues années de malheur. Trente ans que petite fille aux longs cheveux bruns se demande si elle n’est pas «folle» puisque personne ne la croit.

Libération

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