Avec plus de 100 000 appels en 2024, le 3919, la ligne d’écoute pour les femmes victimes de violences, bat un record

Une première. A la veille de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF) révèle ce vendredi 7 mars avoir reçu plus de 100 000 appels en 2024 sur la ligne d’écoute du 3919. Des chiffres qui n’avaient jamais été aussi élevés jusqu’alors. «Cela montre que les appelantes ont confiance en ce dispositif d’aide et d’écoute et ont plus facilement le réflexe d’appeler», se félicite Camille Lextray, responsable communication de la FNSF, auprès de Libération. Depuis 30 ans, cette ligne d’écoute gratuite recueille la parole des femmes victimes de violences, notamment conjugales.

A ce stade, la Fédération ne dispose pas de données lui permettant de faire un lien entre l’augmentation du nombre d’appels et une potentielle hausse des violences. En revanche, Camille Lextray constate une meilleure sensibilisation du grand public : «Les violences conjugales sont mieux connues, le numéro est beaucoup plus connu et identifié, et nous avons mené un travail pour renforcer l’accessibilité au 3919.» Depuis 2021, la ligne d’écoute est ainsi ouverte 24h /24 et 7j /7. Elle est utilisable en 12 langues différentes et est aussi adaptée aux personnes sourdes et malentendantes.

Dans le détail, 14 % des appelantes victimes de violences conjugales «ont témoigné de menaces de mort proférées au moment des faits», précise la FNSF dans un communiqué. Parmi elles, 75 % ont des enfants. Et les conséquences pour ces derniers sont mises en lumière par l’association, qui rapporte que «98 % déclarent que leurs enfants subissent des violences indirectes et 49 % déclarent des violences directes». En tout, 21 880 enfants seraient victimes des violences conjugales rapportées au 3919.

Parmi les autres facteurs ayant provoqué une augmentation des appels, le procès de Mazan, au cours duquel Dominique Pelicot et 50 co-accusés ont été jugés pour viols sur Gisèle Pelicot. Cette dernière «a permis un mouvement de libération de la parole autour de la soumission chimique», explique la FNSF. Entre septembre et décembre 2024, période durant laquelle le procès a eu lieu à Avignon, le 3919 a reçu 6 fois plus d’appels par mois portant sur la soumission chimique par rapport aux semaines allant de janvier à avril.

Au sein de la Fédération, l’inquiétude est grande. Si le nombre d’appels augmente, les moyens financiers, eux, faiblissent, du fait «des désengagements de l’Etat et des collectivités locales», déplore Camille Lextray. «A l’heure où l’on se rend compte que les femmes ont de plus en plus recours aux dispositifs d’aide des associations, on leur retire des moyens…» Concrètement, le 3919 a pour mission d’écouter, informer et orienter. Ce dernier point repose sur le lien avec les associations locales du réseau de la FNSF et leurs partenaires. Mais, «sans financements pérennes, nos associations locales ne pourront plus assurer un accompagnement spécialisé de qualité pourtant nécessaire pour la sortie des violences et la reconstruction des femmes et des enfants», alerte le communiqué de la Fédération.

En France, plus de 271 000 victimes de violences conjugales, en très grande majorité des femmes, ont été enregistrées par les forces de sécurité en 2023, selon des publiées par le ministère de l’Intérieur. Cette même année, 96 femmes ont été victimes de féminicide conjugal.

Le 3919 est une ligne d’écoute gratuite, joignable 7j /7 et 24h /24, par toutes les personnes victimes de violences sexistes (violences conjugales, violences sexuelles, mariages forcés, mutilations sexuelles féminines, violences au travail…)