«On demande la régularisation des médecins qui tiennent à bout de bras les hôpitaux» : des soignants Padhue toujours en grève de la faim

«On demande la régularisation des médecins qui tiennent à bout de bras les hôpitaux» : des soignants Padhue toujours en grève de la faim

Главная страница » «On demande la régularisation des médecins qui tiennent à bout de bras les hôpitaux» : des soignants Padhue toujours en grève de la faim

Des médecins forcés de mettre leur santé en danger pour se faire entendre. Depuis le mercredi 5 mars, 300 praticiens exerçant en France mais ayant obtenu leur diplôme en dehors de l’Union européenne, ceux que l’on appelle les «Padhue», sont en grève de la faim pour demander la reconnaissance de leur travail et l’amélioration de leur statut pour ne plus être contraints d’enchaîner les contrats précaires, bien moins payés à poste égal que les titulaires français. Ce samedi 8 mars, ils ont manifesté toute la journée devant le ministère de la Santé dans l’espoir de faire entendre les revendications qu’ils portent depuis des années. Une date symbolique, puisque 70 % des grévistes de la faim seraient des femmes.

Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est la suppression de 20 % des postes pourvus aux dernières épreuves de vérification des connaissances (EVC) – première étape vers la régularisation des Praticiens à diplômes hors Union européenne : sur les 4 000 postes annoncés, seulement 3 235 candidats ont finalement été reçus. Une étrangeté que le Centre national de gestion, en charge du concours, justifie par «la souveraineté du jury». Pour Abdelhalim Bensaïdi, diabétologue à l’hôpital de Nanterre depuis plus de six ans et vice-président de l’association Ipadecc, qui défend les intérêts des Padhue, la suppression est tout bonnement «arbitraire» et la réponse n’est pas satisfaisante : «S’il ne restait pas de postes, on comprendrait… Mais on ouvre des postes dans un pays où on manque terriblement de soignants. Et aujourd’hui, on a des médecins qui sont compétents, qui sont formés, qui ont la reconnaissance de leurs chefs de service, de leurs pairs, qui continuent à se former dans les plus grandes universités françaises, et on leur dit non, non, non, repassez le concours l’année prochaine parce qu’il vous manquait un demi-point.»

Le médecin, recalé pour sa part avec un peu plus de 11 /20, insiste sur l’absurdité de la situation : «On ne peut pas juste supprimer des postes comme ça en disant non, toi tu as 11,99, il te fallait un 12, alors qu’il reste 200 postes. C’est incohérent.» Les organisations de défense des Padhue demandent par ailleurs que l’évaluation des compétences se fasse au sein des structures où travaillent les médecins plutôt que via des contrôles théoriques.

Malgré le soutien de leur profession, ou la volonté affichée par Emmanuel Macron il y a un an de régulariser «nombre de médecins étrangers» menacés d’expulsion pour lutter contre la désertification médicale, les médecins Padhue ont la sensation qu’ils ont beau donner de la voix, rien ne bouge. C’est pour ça qu’après une première mobilisation en février, ils ont dû se résoudre à la méthode plus radicale de la grève de la faim, le tout sans s’arrêter de travailler. «On ne voulait pas bloquer le système, donc on continue à voir nos patients en consultation et en hospitalisation», explique Abdelhalim Bensaïdi. Au bout de trois jours, «on commence à être à bout, on n’a plus d’énergie», décrit le médecin. «C’était vraiment un choix difficile d’entamer cette grève de la faim… Je ne souhaiterais à personne de faire ça, mais on était contraints de le faire. On demande la régularisation des médecins qui tiennent à bout de bras les hôpitaux, et on espère que les pouvoirs publics, que les parlementaires, pourront bouger aussi pour nous.»

A lire aussi

A l’heure actuelle, en tout cas, la mobilisation se heurte à un certain silence des autorités compétentes, alors que le ministre Yannick Neuder s’était prononcé en février pour une réforme de l’EVC tant décriée. Pour les 4 000 à 5 000 médecins Padhue exerçant en France, l’enjeu est aujourd’hui aussi devenu celui de la reconnaissance, souffle Abdelhalim Bensaïdi : «Là, ce qu’on veut, c’est juste qu’on nous écoute. Qu’on nous prenne en considération un petit peu.» La mobilisation du jour n’a rien donné. La grève de la faim devrait donc se prolonger, avec une adaptation : «On va alterner. J’ai fait un malaise aujourd’hui donc je ne vais pas pouvoir continuer si longtemps, surtout si on veut continuer à soigner la semaine prochaine.»

Libération

Post navigation

Leave a Comment

Добавить комментарий

Ваш адрес email не будет опубликован. Обязательные поля помечены *