Dmitry Glukhovsky : «Avec cette guerre, Poutine règle des problèmes personnels pour se trouver une légitimité»

«Comment un pays qui, récemment encore, se dirigeait vers l’avenir, a-t-il pu y renoncer catégoriquement ? Comment d’une puissance qui a rompu avec le totalitarisme, ayant rappelé de son plein gré ses armées de tanks déployées en Europe, ce pays est-il redevenu un paria qui en veut au monde entier ? […] Comment se fait-il que le peuple à qui on a initialement imposé la guerre contre l’Ukraine ne l’a pas contestée ni ne s’y soit opposé ?» Avec ces questions douloureuses pour les Russes et devenues cruciales pour toute l’Europe, et au-delà, alors que l’ordre mondial se défait sous nos yeux depuis l’accession de Donald Trump à la Maison Blanche, l’écrivain et journaliste Dmitry Glukhovsky ouvre son Journal sous dictature. Plongée vertigineuse, à travers une série d’articles rédigés au fil des ans, dans la décennie qui a précédé l’invasion de l’Ukraine par la Russie, pour dresser le portrait d’un pays et d’un peuple qui ne parviennent pas à échapper à un destin totalitaire. Rencontre.

Que vous inspire la dernière séquence entre Moscou et Washington ?

Une chose incroyable et sans précédent historique se produit sous nos yeux : la pierre de Sisyphe de la stabilité et de la prospérité mondiales, que l’Europe, avec les Etats-Unis, a poussé vers l’avant et le haut pendant quatre-vingts ans, est jetée par Trump simplement parce que lourde et incommode, et tombe vers l’abîme, et entraîne dans sa chute l’Ukraine, et peut-être l’Europe qui se morcelle. Les acquis human