Affiche sur Hanouna : Mélenchon rejette tout «antisémitisme» à LFI

De l’art de se mettre soi-même des bâtons dans les roues. Interrogé le matin du jeudi 14 mars, à la fin d’une longue interview sur France Inter consacrée à l’Ukraine, Jean-Luc Mélenchon a refusé de parler d’«erreur» de son mouvement politique d’avoir diffusé sur les réseaux sociaux cette semaine un visuel – vite retiré – visant Cyril Hanouna et déclenchant de nombreuses accusations d’antisémitisme. La photo en noir et blanc de l’animateur a été dénoncée comme reprenant des codes de la propagande nazie des années 1930. Agacé qu’on vienne une nouvelle fois le chercher sur ce terrain, le leader insoumis a tout de même appelé les siens à «vérifier tout le temps la religion des gens qu’on caricature» pour ne plus subir ces attaques et dénoncé «une habitude des réseaux d’extrême droite». «Des caricatures de monsieur Hanouna, il y en a des mille fois pires dans Charlie Hebdo, et eux ne sont pas la cible des réseaux d’extrême droite», a-t-il ajouté.

Accusé, notamment depuis les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, de ne pas être clair sur la question, Jean-Luc Mélenchon a répété : «Nous ne sommes pas antisémites. Et le fait que vous relayez la propagande des réseaux d’extrême droite, parce que c’est eux qui ont commencé, leur rend un service, a-t-il poursuivi. Ils sont heureux là, ils pavoisent, parce qu’ils obtiennent une fois de plus que nous soyons mis en cause.» Sans concéder que ce visuel n’aurait pas dû être publié, il a renvoyé l’accusation sur les médias en appelant à manifester contre l’extrême droite le 22 mars : «Par pitié, lâchez-nous. Occupez-vous de ce qu’on raconte vraiment, de ce qu’on dit vraiment, de ce qu’on propose. Dites-nous «vous vous trompez». Mais arrêtez avec ce cirque des “antisémites”, “les caricatures”, “le nez est trop long”, “les cheveux sont trop courts”… Enfin tout ça n’a aucun sens : nous n’avons rien à voir avec le racisme.»

Le sujet fait, en tout cas, quelques remous en interne. Après un calme apparent depuis les purges de l’été dernier, de nouvelles secousses se font sentir dans la maison insoumise. Après la diffusion de ce visuel, plusieurs députés LFI se sont, selon l’Opinion, agacés sur une boucle WhatsApp. «Y aurait-il moyen de s’éviter des shitstorms [polémiques] à chaque visuel ?» a lancé par exemple l’élu de Gironde Loïc Prud’homme, soutenu par les députés Christophe Bex (Haute-Garonne) et Emmanuel Fernandes (Bas-Rhin). Mais c’est l’insoumis de Paris, Aymeric Caron, qui en a vraiment mis une bonne couche : «Merci de tenir compte du fait que chaque membre du groupe est impacté, une fois de plus, par ces communications catastrophiques, qui se multiplient», a-t-il écrit. Le visuel a finalement été retiré et modifié, tout comme celui renvoyant dos à dos Olivier Faure et Marine Le Pen début février.