Procès des fausses accusations du «Point» : Raquel Garrido et Alexis Corbière dénoncent un travail «bâclé»

Procès des fausses accusations du «Point» : Raquel Garrido et Alexis Corbière dénoncent un travail «bâclé»

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«Nous vivons en ‘‘mythocratie’’ et notre dernier rempart, c’est le travail des journalistes.» Moins de trois ans après les faits, Raquel Garrido fait résonner sa colère contre l’hebdomadaire le Point. L’ex-députée, avocate de profession, était présente au tribunal de Paris dans le cadre du procès en diffamation qu’elle intentait, avec son compagnon Alexis Corbière, à l’hebdomadaire et son ancien journaliste Aziz Zemouri. Le magazine libéral-conservateur avait publié, en juin 2022, une enquête les accusant, à tort, d’employer une femme de ménage sans papiers.

Raquel Garrido a pris la parole la première, dénonçant l’absence des deux prévenus, l’auteur de l’article, Aziz Zemouri, et le directeur de la publication du Point, Etienne Gernelle. «Il a pris ce qu’on lui a dit pour argent comptant et même avec gourmandise !», a accusé devant le tribunal correctionnel de Paris Raquel Garrido, en commentant le travail de l’ancien journaliste du Point,

L’affaire remonte au 21 juin 2022 avec la parution d’un article sur le site internet du Point portant la mention «Exclusif» et intitulé : «L’employée sans papiers de Raquel Garrido et Alexis Corbière.» Le journaliste y met en cause le couple, tous deux députés LFI de Seine-Saint-Denis, les accusant d’exploiter une femme de ménage sans papiers qu’ils auraient par ailleurs «soumise à des cadences infernales».

L’article affirmait également que les députés, résidant à Bagnolet, scolarisaient leurs enfants à Paris. Dès le lendemain, le journal avait retiré l’article et admis publiquement son caractère «faux» et «mensonger». «Les vérifications complémentaires que nous avons menées nous ont révélé que des erreurs et des manquements à la prudence ont été commis», avait reconnu le directeur du Point, Etienne Gernelle, dans un message publié sur Twitter (devenu X) et le site du magazine. «Il suffit de poser la question à n’importe qui à Bagnolet, c’est un village, tout le monde sait où on habite et où nos enfants vont à l’école et lui le grand reporter il n’a pas été capable de le faire !», a ironisé l’ancienne députée.

Aziz Zemouri, qui a quitté l’hebdomadaire après cette affaire, avait présenté ses «excuses les plus sincères», estimant avoir été «victime d’une manipulation». Aux enquêteurs, le journaliste avait expliqué avoir été contacté fin mai 2022 par une de ses sources policières, qui lui aurait donné le tuyau sur la femme de ménage sans papiers. Les investigations, dévoilées par CheckNews, ont ensuite permis de remonter jusqu’à Rudy Succar, un ex-chauffeur de Jean-Christophe Lagarde, député sortant et candidat UDI défait par Raquel Garrido quelques jours aux législatives 2022, quelques jours avant .

Après plusieurs interrogatoires, l’ex-chauffeur avait reconnu s’être fait passer pour la femme de ménage auprès du journaliste sur demande pressante voire «obsessionnelle» de Jean-Christophe Lagarde, car celui-ci aurait voulu obtenir un élément compromettant contre sa concurrente. L’ex-député a lui dénoncé des mensonges «les plus absolus et les plus absurdes».

«Comment est-il possible qu’un grand hebdomadaire publie cela ?», s’est interrogé Alexis Corbière à la barre. «La différence entre un blogueur, un influenceur et un journaliste, c’est le fait que le journaliste, normalement, vérifie l’information» a-t-il poursuivi. Selon Raquel Garrido et Alexis Corbière, Aziz Zemouri ne les aurait contactés qu’une seule fois par SMS la veille de la publication de son article, leur demandant s’ils comptaient régulariser la situation de leur femme de ménage.

Dénonçant un travail bâclé et un article politique, Raquel Garrido a rappelé à la barre que d’autres journalistes – dont Libération – ont très vite démonté l’enquête du Point. «En tant que militants, personnalités politiques, on est habitué à être attaqués, mais ce moment a été très dur pour notre famille», a dit Alexis Corbière à la barre. Le procès se poursuit avec les plaidoiries des avocats.

Libération

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