Appartenir à une culture, c’est savoir que l’on est bâtard, par Emanuele Coccia

Appartenir à une culture, c’est savoir que l’on est bâtard, par Emanuele Coccia

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L’anthropologie du siècle dernier nous a légué deux belles idées. Pour comprendre une culture, il est nécessaire de se concentrer sur les histoires qu’elle raconte à elle-même et aux autres : ses mythes. Mais les mythes de chaque culture ne sont jamais des récits originaux. Ils ont la même structure et la même nature que les rumeurs ou les ragots : ce sont des versions d’histoires que nous avons entendues d’autres personnes, et que nous avons transformées dans l’acte même de les transmettre.

C’est pourquoi chaque culture n’est que la transformation, la métamorphose inconsciente d’une culture passée ou contemporaine avec laquelle elle est entrée en contact : chaque culture est toujours un bobard sur d’autres cultures. Et comme pour comprendre combien de personnel s’exprime dans la version d’un potin qu’un ami nous raconte, il faut le comparer à d’autres versions, ainsi l’on ne peut saisir l’élément idiosyncrasique d’une culture que par un exercice de comparaison.

Inversement, parce que chaque peuple se définit par des histoires de seconde main, qui recyclent et déforment d’autres histoires, connaître une culture signifie toujours écouter la voix ventriloque d’autres peuples et d’autres identités. Contrairement à l’opinion romantique qui a donné naissance à l’idée de folklore, l’ethnographie nous rappelle qu’il n’y a pas dans les cultures des peuples d’expression immédiate et directe d’un fantomatique esprit populaire. Appartenir à une culture ne signifie pas posséder une identi

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