«Conclave» sur les retraites : François Bayrou exclut le retour de l’âge de départ à 62 ans et s’attire les foudres des syndicats et partis de gauche

«Conclave» sur les retraites : François Bayrou exclut le retour de l’âge de départ à 62 ans et s’attire les foudres des syndicats et partis de gauche

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Dans un contexte où le bien-fondé même de la «délégation paritaire permanente», chargée par François Bayrou de réviser la réforme des retraites de 2023, est déjà vivement attaqué à droite, le Premier ministre a fermement exclu dimanche 16 mars un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans, mettant en péril l’avenir de ce qu’il surnomme le «conclave». Obtenir un «bougé sur l’âge de départ» est pourtant une question «prioritaire» pour les principaux syndicats de travailleurs encore présents aux travaux – Force ouvrière a claqué la portedepuis leur entrée dans les consultations entamées le 27 février. Interrogé sur France Inter sur la possibilité de ce retour à 62 ans, contre 64 ans dans la loi actuelle, le Premier ministre a répondu par la négative. «Je ne crois pas que la question paramétrique, c’est-à-dire la question de dire “voilà l’âge pour tout le monde”, soit la seule piste», a-t-il précisé. Le Premier ministre n’a toutefois pas répondu sur la question d’un départ à la retraite à 63 ans, point d’atterrissage parfois envisagé dudit «conclave».

Cherchant à s’éviter la censure du Parti socialiste, Bayrou avait rouvert en janvier le dossier de la réforme menée par Elisabeth Borne, et confié aux partenaires sociaux la tâche de tenter de parvenir à un nouvel accord. Les concertations des partenaires sociaux, syndicats et patronat étant censés se réunir chaque jeudi au moins jusqu’à la fin du mois de mai, François Bayrou s’est engagé à soumettre un éventuel accord, même partiel, à l’appréciation du Parlement.

Mais l’accession de Donald Trump au pouvoir a provoqué une nouvelle donne géopolitique et, depuis lors, la montée en puissance du débat autour de l’«effort de défense» qu’il faudrait produire pour assurer la sécurité européenne et nationale, bouscule les débats sur les retraites. Plusieurs acteurs du monde politique et économique profitent de la situation pour tenter de couper court à ces réunions ouvertes autour de la dernière réforme, qualifiées notamment par le très macroniste président du Conseil d’orientation des retraites, Gilbert Cette, de «secondaires sinon dérisoires». L’eurodéputé Les Républicains François-Xavier Bellamy a affirmé que la délégation paritaire permanente n’aurait «plus aucune raison d’être». Et le chef de file d’Horizons, candidat à la présidentielle, Edouard Philippe, a jugé quant à lui ce conclave «complètement hors sol» et «déjà totalement dépassé».

Après avoir affirmé que la France devait «se préparer sérieusement à des menaces militaires», face à la menace russe et au désengagement des Etats-Unis en Ukraine, François Bayrou a réagi à ces prises de position politiques en exprimant sa «divergence» avec l’ancien Premier ministre. «Edouard Philippe considère que la démocratie sociale et les partenaires sociaux, c’est négligeable, qu’il faut [les] laisser de côté, qu’il faut considérer que désormais la décision doit venir du sommet et s’imposer à la base», a dit le chef du gouvernement, semblant souhaiter que la délégation paritaire permanente continue ses travaux comme prévu.

Toujours est-il que ceux-ci n’avaient pas besoin d’une interférence de plus. Et la prise de position de François Bayrou est un mauvais signal : en semblant vouloir préempter l’issue des discussions sur la question de l’âge de départ, il s’est attiré les foudres de plusieurs partenaires sociaux et de l’opposition. «C’est scandaleux», a ainsi affirmé le négociateur de la CGT sur les retraites Denis Gravouil à l’AFP, en estimant qu’«on ne peut pas faire confiance à François Bayrou». Le négociateur de la CFDT, Yvan Ricordeau, a pour sa part déclaré à l’AFP que son syndicat jugeait «les propos de François Bayrou incompréhensibles». «C’est le même Premier ministre qui a décidé d’un conclave ou tous les sujets seraient ouverts, y compris l’âge de départ à la retraite», a-t-il rappelé. «Le conclave est fini. Bayrou dit non à l’abrogation de la retraite à 64 ans», a de son côté réagi sur X (ex-Twitter) le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, dénonçant un «foutage de gueule». Le député socialiste Jérôme Guedj, fer de lance de son parti sur la question des retraites, a critiqué sur le même réseau une «faute» et «un mépris pour les partenaires sociaux».

Mis à jour à 16h25: ajout de la réaction de la CFDT.

Libération

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