Au Brésil, la démonstration de force des partisans de Jair Bolsonaro tourne au flop

Au Brésil, la démonstration de force des partisans de Jair Bolsonaro tourne au flop

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Jair Bolsonaro a perdu son pari. Cerné par les affaires judiciaires, en difficulté sur le plan politique, l’ancien président brésilien espérait réunir jusqu’à un million de partisans à Rio de Janeiro, dimanche 16 mars, histoire de prendre un nouvel élan à un an de la prochaine présidentielle, à laquelle il n’est pour le moment pas autorisé à se présenter. C’est raté : la manifestation carioca a réuni à peine 18 000 personnes, selon des données publiées par une équipe de chercheurs de l’université de São Paulo. Ces derniers, qui s’appuient sur l’analyse de photographies aériennes par un programme informatique, n’avaient jamais enregistré si faible affluence lors d’une mobilisation pro-Bolsonaro dans la capitale touristique brésilienne depuis la fin du mandat du président d’extrême droite en 2022.

Le mot d’ordre était un appel à «l’amnistie» pour les émeutiers du 8 janvier 2023 – une date sombre de la démocratie brésilienne, qui marque l’assaut lancé par des milliers de partisans de Jair Bolsonaro contre les bâtiments du palais présidentiel, du Parlement et du Tribunal suprême fédéral (TSF) à Brasília, une semaine après l’investiture du président de gauche Lula da Silva. Près de 500 personnes ont été condamnées à la suite de ces événements, que le camp bolsonariste considère comme autant de «prisonniers politiques». Déjà frappé par une peine d’inéligibilité de huit ans pour avoir contesté sans preuve la fiabilité du système d’urnes électorales électroniques, Jair Bolsonaro est lui-même poursuivi dans le cadre de cette enquête : il a été inculpé, le 18 février, pour un projet présumé de «coup d’Etat» visant à empêcher l’alternance à la présidence du Brésil.

Face à la foule clairsemée qui s’étirait le long de la plage de Copacabana, le héraut de la droite brésilienne a une fois de plus dénoncé une «histoire inventée» et s’est dit victime de «persécution», soit la même rhétorique que Donald Trump au sujet de l’assaut du Capitole en 2021. Une filiation revendiquée par Bolsonaro, qui s’exprimait depuis une estrade rehaussée de la photo du nouveau président américain le poing levé après avoir échappé à une tentative d’assassinat, le 13 juillet en Pennsylvanie. «Je veux dire à ceux qui ne m’aiment pas à Brasília : des élections sans Bolsonaro, c’est le déni de la démocratie au Brésil», a-t-il martelé.

L’homme d’Etat brésilien, 70 ans le 21 mars, espère toujours obtenir l’annulation de sa peine d’inéligibilité. Sur scène, il était accompagné de Tarcisio de Freitas, qui pourrait représenter la droite à sa place lors de l’élection présidentielle. «Nous allons remettre le meilleur président de l’histoire du Brésil à sa place», a promis le populaire gouverneur de l’Etat de São Paulo. Le pasteur évangélique Silas Malafaia, à l’origine de la manifestation, a concentré ses attaques contre Alexandre de Moraes, le juge du TSF en charge de l’enquête sur les événements du 8 janvier, qu’il a qualifié de «criminel» de «voleur».

A rebours des informations étayées publiées dans la presse, la police militaire de l’Etat de Rio de Janeiro (subordonnée au gouverneur bolsonariste de l’Etat de Rio de Janeiro, Claudio Castro) a estimé la participation à la manifestation de Copacabana à 400 000 personnes. Mais les forces de l’ordre, interrogées par le journal O Globo, n’ont pas souhaité détailler leur méthode de calcul. Les mauvais chiffres de la mobilisation, qui plus est dans son ancien fief électoral (il a été député de l’Etat de Rio de Janeiro pendant près de trente ans) sont un signal inquiétant pour Jair Bolsonaro, à l’approche d’une nouvelle échéance judiciaire majeure. Le 25 mars, le TSF doit décider si les éléments réunis contre lui dans l’enquête sur la tentative de «coup d’Etat» sont suffisants à l’ouverture d’un procès.

Libération

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